Articles pour le tag: Humanisme

Looper, ou le présent retour du même

Cinéma 13 commentaires »

Looper, film hollywoodien de XX avec XX et YY, est un bon divertissement, un succès critique et public [0]. Vous me direz c’est normal, il y a Emily Blunt dedans. Je vous encouragerai alors à être un peu moins superficiel. Passons. C’est surtout un film avec du voyage dans le temps, ce qui est toujours agréable car on continue d’y penser en sortant de la projection : « mais comment est-ce qu’il peut faire ceci alors qu’il a fait cela avec son double du futur revenu dans le présent qui pour lui est son passé ? » Pourtant ce n’est pas cet aspect que je vais souligner (devant vos yeux auxquels je conseille d’être ébahis parce qu’ils seraient allés voir le film). Au contraire.

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Qu’est-ce que l’humanisme ?

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Michel FoucaultJ’entends par humanisme l’ensemble des discours par lesquels on a dit à l’homme occidental : « Quand bien même tu n’exerces pas le pouvoir, tu peux tout de même être souverain. Bien mieux : plus tu renonceras à exercer le pouvoir et mieux tu seras soumis à celui qui t’est imposé, plus tu seras souverain. » L’humanisme, c’est ce qui a inventé tour à tour ces souverainetés assujetties que sont l’âme (souveraine sur le corps, soumise à Dieu), la conscience (souveraine dans l’ordre du jugement ; soumise à l’ordre de la vérité), l’individu (souverain titulaire de ses droits, soumis aux lois de la nature ou aux règles de la société), la liberté fondamentale (intérieurement souveraine, extérieurement consentante et accordée à son destin). Bref, l’humanisme est tout ce par quoi en Occident on a barré le désir du pouvoir – interdit de vouloir le pouvoir, exclu la possibilité de le prendre. Au cœur de l’humanisme, la théorie du sujet (avec le double sens du mot). C’est pourquoi l’Occident rejette avec tant d’acharnement tout ce qui peut faire sauter ce verrou. Et ce verrou peut être attaqué de deux manières. Soit par un « désassujettissement » de la volonté du pouvoir (c’est-à-dire par la lutte politique prise comme lutte de classe), soit par une entreprise de destruction du sujet comme pseudo-souverain (c’est-à-dire par l’attaque culturelle : suppression des tabous, des limitations et des partages sexuels ; pratique de l’existence communautaire ; désinhibition à l’égard de la drogue ; rupture de tous les interdits et de toutes les fermetures par quoi se reconstitue et se reconduit l’individualité normative). Je pense là à toutes les expériences que notre civilisation a rejetées ou n’a admises que dans l’élément de la littérature.

Michel Foucault, « Par-delà le bien et le mal », novembre 1971 in Dits et écrits, I, p. 1094-1095.

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Considérations sur la peine de mort

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Le pendu« Je suis contre la peine de mort, sauf pour les pédophiles et les terroristes »… N’est-ce pas Pasqua qui avait dit cela en substance? Mais combien d’autres que lui seraient d’accord avec cette affirmation? A fortiori depuis que l’actualité nous ressert ces plats brûlants.

Trois Mille Ans de Civilisation, d’une marche difficile de l’Obscurité vers les Lumières, de la Barbarie vers l’Humanisme, d’efforts difficiles, longs, constants, pour qu’on en arrive à cela1… Comme si la peine de mort pouvait d’une quelconque façon être justifiée!

Ce serait oublier que la justice n’est rien d’autre qu’un calcul consistant à régler et harmoniser les intérêts de trois partis : la victime, le coupable, et la société. Car la balance de la justice n’a pas deux mais trois plateaux. Avec la peine de mort, son équilibre est rompu, ce qui doit faire faire à Beccaria des triples sauts dans sa tombe.

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