Le particularisme culturel revendique quelque chose comme un noyau dur et original dans une culture. C’est ce noyau dur qui justifierait le maintien des traditions, ce serait pour ne pas le perdre qu’il faudrait s’opposer à tout changement. Cette idée n’est pas propre aux seuls particularistes. Elle est exprimée par tous ceux qui font, souvent sans le savoir, de la culture une réalité donnée que les changements abîmeraient. Je pense que peu de gens seraient capables de soutenir longtemps cette idée sans la trouver absurde. Pourtant elle semble sous-jacente à beaucoup de discours qui défendent une culture comme s’il s’agissait d’une réalité aux contours bien nets. Il est aujourd’hui fréquent d’entendre des propos nationalistes revendiquer la défense de la culture nationale. De tels propos sous-entendent la conception d’une culture homogène, spécifiquement française, ayant une origine absolue, c’est à dire un début nettement identifiable. Lire la suite »
Articles de l'année 2011
Qui traîne un peu sur Internet a forcément eu affaire à un troll. Peut-être a-t-il lui-même été un troll, quoiqu’involontairement — imaginez-vous un seul instant qu’un gentil rédacteur de Morbleu puisse troller par vice ? Car oui, il y a des trolls involontaires, des maladroits… comme il peut y en avoir des fous [1]. Sur Morbleu on a eu un fou, son tartinage le disputait à sa démence (des récitations de Nietzsche et des listes des méchants animateurs de la TV).
Lorsque l’on entend le mot « transcendantal », on pense immédiatement à deux personnes. Salvador Dali, qui usait abondamment de ce mot d’une façon bien particulière, mais qui relève peut-être plus de l’anecdote − quoique Dali ait lu Kant et bien d’autres philosophes, comme Nietzsche. Kant, qui fit de ce mot un usage proprement philosophique, et qui fut le premier à l’utiliser massivement dans sa philosophie : il parle en effet de philosophie transcendantale, de déduction transcendantale, de logique transcendantale, de liberté transcendantale, de sujet transcendantal, d’usage transcendantal, de réalisme transcendantal.
A celui qui ne vit rien reste la misanthropie. Cloîtré dans sa bibliothèque, en haut de son donjon, il peut, Nietzsche à la main, lancer des invectives au monde : que de nullités produites par des gens misérables ! Mais ce genre d’incongru est parfois tenté de sortir. Après tout, les papillons, les zoizeaux et les fleurs de printemps sont à tout le monde ; même aux habitants des grandes villes. Au printemps, même le misanthrope sort de chez lui. C’est pourquoi la ballade printanière n’est jamais sans risque, surtout lorsqu’elle est citadine. Mais la faune des villes compte un être bien pire que le misanthrope : le philanthrope ; plus précisément une espèce d’être qui fait profession de philanthropie. Afin de ne pas le confondre avec les lecteurs de Morbleu qui – j’en suis sûr – sont tous dans le privé de généreux donateurs et mécènes, nous l’appellerons le « philentrope ».
Modeste proposition pour empêcher les vieux d’être à la charge de leur pays
Doxographies, Politique 7 commentaires »On se souvient que Jonathan Swift, l’auteur des Voyages de Gulliver, avait fait paraître en 1729 une Modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres d’être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public [1]. Dans ce texte, Swift défendait l’idée que les enfants des pauvres puissent servir d’aliment pour les riches, afin d’enrayer la spirale malthusienne de la surpopulation les menant directement à la misère. Le cannibalisme, l’anthropophagie des plus pauvres par les plus riches se montrait une solution possible à la question sociale.
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Il n’aura nullement échappé à nos plus vigilants et fidèles lecteurs que la rédaction de Morbleu ! s’est furieusement agrandie ces dernières semaines, doublant même son effectif − ou presque. Quatre auteurs se relaient désormais pour vous abreuver d’intelligence le plus fréquemment possible, par des articles d’une intelligence toujours plus épatante, signés par les grandes plumes suivantes (listées par ordre antéchronologique d’apparition) : Lire la suite »
Les garçons sont-ils tous des bêtes indomptables qui sèment le chaos et la désolation ?
Sylvie Ayral part d’un constat. La grande majorité des élèves punis au collège sont des garçons. A l’époque où on prône l’égalité, cela pose un problème. Les garçons sont-ils desservis par le système ? Sachant que la majorité des enseignants sont des enseignantes, les garçons sont-ils pénalisés ? Ou au contraire, faut-il chercher une explication biologique ? Les filles seraient-elles sages de nature ?
Mais comment peut-on être ressortissant français ? En côté d’Ivoire, le ressortissant passe pour un type qui profite des injustices de la mondialisation, et les journalistes présents sur place sont là pour le montrer. Au Japon, il est sollicité par les médias pour parler dans les webcams, les journalistes en plateau sont là pour nous le montrer. Mais alors ce n’est plus un journaliste, c’est un témoin. La webcam nous crée le ressortissant journaliste-témoin.
Le devoir d’honorer la vieillesse ne se fonde pas à proprement parler sur les justes égards dont on croit les jeunes capables à l’adresse de la faiblesse des vieillards ; car ce n’est pas là une raison de la considération qui leur est due. L’âge veut donc en outre être tenu pour quelque chose de méritoire parce qu’on l’honore. La raison n’en est pas, sans doute, qu’avoir l’âge de Nestor impliquerait en même temps une sagesse acquise grâce à une expérience abondante et longue, qui soit appropriée à la direction des gens plus jeunes, mais c’est uniquement parce que, à condition que nul déshonneur ne l’ait souillé, l’homme qui s’est conservé si longtemps, c’est-à-dire qui a pu soustraire à la mortalité — la sentence la plus humiliante qui puisse être rendu sur un être raisonnable (tu es poussière et tu dois redevenir poussière) –, et a pu pour ainsi dire gagner sur l’immoralité, c’est, disais-je, parce qu’un tel homme s’est si longtemps conservé en vie et proposé comme exemple.
Kant, Conflit des facultés, IIIème section « Le conflit de la faculté de philosophie avec la faculté de médecine », « Du pouvoir de l’esprit, par simple résolution, de maîtriser ses sentiments morbides », Ak VII,99, Pléïade t.III,909
Marine Le Pen, présidente en 2012 : et alors quoi ?
Choses dites, choses vues, Politique 16 commentaires »On a appris ce week-end par un sondage que Marine Le Pen arriverait en tête au premier tour des élections présidentielles de 2012 avec 23% des suffrages, devant Nicolas Sarkozy et Martine Aubry, qui resteraient tous deux derrière à égalité de voix à 21%.