Presque par hasard, je retombe sur ce texte de Kant dans La religion dans les limites de la simple raison. Si je n’avais pris garde au livre que je tenais entre les mains, j’eus presque cru que ce texte avait été, malheureusement, écrit hier. Même : presque aurais-je cru qu’il avait été écrit par Luccio. Mais le fait que je le compris presque du premier coup m’enleva mes doutes : il devait avoir été écrit par Kant lui-même. Cependant, afin de lever toute ambiguïté, je prends le parti de le commenter ci-dessous d’une façon qui déplaira sans doute aux puristes, en mettant mes ajouts entre des crochets bien gras. Lire la suite »
Articles de l'année 2015
Le temps du deuil n’est plus, le journal reparaît ce jour. Mais ce fut le temps de ces marches silencieuses, véritables pèlerinages républicains. Je ne sais pas si je voyais, tel Foucault en Iran, la volonté générale dans la rue, mais j’y ai vu l’esprit de concorde ; si l’esprit de Charlie est celui de la liberté d’expression.
Après ce grand événement, aussi difficile à analyser qu’il fut imprévisible, que faire ? Parler à l’histoire ? C’est tentant. Agir dans mon coin, pour que ça ne se reproduise plus. C’est plus serein. Ma maxime est la suivante : il faut être intransigeant avec la bêtise, mais courtois, voire doux, avec les gens. Je serais doux et courtois avec les gens, je dénoncerai les sophismes et l’inapproprié, et je tenterai de fournir des éléments de langage pour les gentils (pas de raison que seuls les monstres en profitent). J’espère que nous serons nombreux à faire de même.
Charlie Hebdo était mon adolescence, mes années au lycée et au collège, et même encore jusqu’à aujourd’hui. Dans mon cas, dire « je suis Charlie » est un fait, tant une partie de mon éducation politique s’est faite à travers ses pages. Ses images et ses mots structurèrent ma jeunesse. Je me souviens avoir même possédé un agenda Charlie Hebdo, moins pour noter mes devoirs que pour regarder encore et encore les illustrations qui le parsemaient.
Aujourd’hui Charlie Hebdo a été attaqué.
Voilà l’effroyable visage de la bêtise, main dans la main avec la violence. Je condamne la bêtise, je condamne la violence.
Je déteste la bêtise. La bêtise est le propre de celui qui ne comprend rien à rien. Kant le remarquait : il manque de jugement, et ne sait pas sous quelle situation générale ranger un cas particulier. L’homme bête prend une pochade pour un affront, son orgueil pour de l’honneur.
Pire, l’homme bête est un inconscient. Et comme le remarquait Alain, l’inconscient s’appuie sur l’inconscience. L’inconscience est le refus de réfléchir, de remettre en question ses jugements, ou ses préjugés. Elle n’empêche pourtant pas de parler, de répéter, ou d’agir. Un inconscient peut manier un lance-roquette en criant des conneries. Mais un inconscient peut aussi répéter des éléments de langage, persuadé de dire la vérité, sur la religion, l’intégrisme, la liberté d’expression, la tolérance, etc. Répétez et agissez, hommes bêtes, aujourd’hui je vous déteste.
Parez-vous de vos convictions, elles ne sont que des avis non réfléchis ; vos indigestions mentales portées sur l’espace public. Ce ne sont pas des convictions.
Où l’on propose une propagande anti-cigarette à la fin du repas
Philosophie, Société 3 commentaires »Avez-vous déjà eu un désir vraiment original ? Avez-vous trouvé le Rock’N’Roll cool sans voir un type cool en écouter ? Peut-être, ça arrive. Mais n’estimez-vous pas davantage les conseils de ceux que vous admirez, au point que cela puisse gouverner votre goût ? Ecoutez-vous ces derniers parce qu’ils savent repérer ce qui est bon, ou parce qu’est bon ce que ces derniers repèrent ?
Jouons le jeu d’une anthropologie du désir, et suivons Spinoza. Nous ne désirons pas une chose parce qu’elle est bonne, mais c’est parce qu’elle est bonne que nous la désirons, dit-il approximativement dans son Ethique [1]. Présentons la chose en deux temps, l’appétit et le choix du plat [2].
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