La philosophie dans Google
Un jour que je cherchais des photos d’Hayek sur Google, j’eus la surprise de découvrir que celui-ci était d’une apparence fort féminine et appétissante, bien loin de l’austérité viennoise à moustache que j’imaginais. En fait, il s’agissait de Salma, et non de Friedrich.
Il ne s’agit là n’est que de l’une des mille surprises que Google est capable d’offrir au cyber-chercheur. D’autres existent. L’une des plus savoureuses est celle que réserve la fonction d’autocomplétion. Entrez un mot clef, et Google vous suggère d’affiner votre requête par d’autres termes, qui sans doute figurent au plus haut des palmarès des recherches les plus fréquentes. Cela informe beaucoup sur ce que cherchent les « googlenautes » :
On voit que les sujets qui intéressent à propos de notre président sont d’une importance toute critique, a fortiori si l’on précise davantage :
Google permet également de connaître le nombre de pages qui référencent un terme. Pour en revenir à Hayek, on constate ainsi, grâce à l’indispensable site GoogleFight, que Salma fait couler beaucoup, beaucoup plus d’encre que Friedrich, et que, par conséquent, il faut peut-être croire nos éditorialistes annonçant la mort de la fameuse idéologie-ultra-libérale, qui attire franchement moins qu’un décolleté – mais quel décolleté !
L’intérêt philosophique de tout cela ? Il est évident : découvrir le philosophe le plus populaire de la toile ! Ainsi, on découvre que Kant surpasse largement Hume, le Prussien se payant même le luxe de dépasser Salma Hayek :
Seul le ciel des Idées de Platon paraît être en mesure de rivaliser avec les jugements synthétiques a priori de Kant – et encore, en ne les talonnant que très poussivement :
C’est pourquoi il faut organiser des combats organisés. Ainsi, le rapport de force entre Heidegger et Hitler va évidemment en faveur du Führer. Mais sur le terrain proprement philosophique du nazisme, si l’on oppose le bon Martin Heidegger, recteur de l’académie de Fribourg pendant les années sombres, si zélé qu’il parvenait à effrayer les nazis eux-mêmes, au docteur en philosophie Joseph Goebbels devenu alors ministre de la propagande, force est de constater que l’ontologie suscite bien plus d’interrogations :
Un autre outil merveilleux se nomme Google Trends. Il permet d’analyser les tendances (oui) quant aux termes que recherchent les internautes, en fonction du temps :
Ainsi, on voit que le succès de Kant est à nuancer. Alors que Hume est à peu près stable, ou en faible diminution depuis 2004, on constate en revanche que Kant est en crise depuis cette année qui marquait son apogée, sans doute liée à la célébration du bicentenaire de sa mort. Qui plus est, Kant est très cyclique. Il souffre davantage que Hume de la désertion d’Internet bien connue aux abords de l’été et de noël. Hume intéresse aussi bien à la plage qu’au moment de farcir la dinde.
Qu’en est-il de nos philosophes médiatiques ?
On constate que Glucksmann s’éteint lentement, comme une vieille braise sous ses cendres. Finkielkraut quant à lui, malgré tous ses efforts, reste bien en dessous de BHL. Saluons toutefois sa belle performance de 2005, où ses propos sur l’équipe de France « black-black-black » constituent sur sa courbe un Everest bien plus haut que celui de l’affaire Botul pour BHL. C’est que Finkielkraut ne parvient à dépasser BHL que ponctuellement, comme par exemple récemment avec ses commentaires au sujet, une fois encore, de l’équipe de France. En dehors de ces quelques fois, BHL reste sans conteste le philosophe contemporain le plus frappé, le plus tapé – et cela peut-être pas uniquement sur Internet.
[amtap book:isbn=2226172599]
2 juillet 2010 à 12:38 Luccio[Citer] [Répondre]
Goethe bat Voltaire,
Bruno Ganz explose Depardieu ou Alain Delon
Kant explose Descartes.
J’ai constaté ça quand j’ai voulu frimer devant des Allemands.
Bon, y’a bien Sarkozy qui bat Merkel, mais c’est bizarre (de même que Michael Jackson bat Jésus).