De l’hypoglycémie congénitale des Noirs d’Afrique, selon Georges Canguilhem
À l’heure où le sujet de philosophie pour classes terminales « toutes les cultures se valent-elles ? » est débattu jusqu’au plus haut sommet de l’État par les plus grands penseurs actuels, un petit détour par la page 111 du grand texte [1] Le normal et le pathologique de Georges Canguilhem montre que même chez ceux qui paraissent les plus irréprochables, au sein de la très respectée épistémologie « à la française », il y a un peu de linge sale − de linge noir.
Le chapitre III intitulé « norme et moyenne » qui comprend cette page entend démontrer les choses suivantes, que je résumerais ainsi :
- le concept de norme et de moyenne sont irréductibles l’un à l’autre ;
- la moyenne est cependant peut-être un signe de la norme − mais en aucun cas l’inverse : la moyenne ne produit aucune norme ;
- la vie dans l’homme, expression singulière de « l’élan vital [2] », peut être créatrice de nouvelles normes, dont l’incidence sur les moyennes biométriques anthropologiques sont les indices ;
- ces nouvelles normes peuvent être possibles grâce à de nouveaux comportements humains, et il y a donc la place pour la liberté de la volonté : on ne fait pas que subir son corps, il subit également l’influence de la volonté ;
- la condition de possibilité de cette liberté humaine est sans doute à chercher dans le réflexe conditionné (p. 116), lequel fait un détour par le cerveau, et ne doit donc pas être pris au sens strict. On a là d’une part une conception de la liberté analogue à celle que défendait par exemple William James, et d’autre part la source de l’intérêt ultérieur de Canguilhem pour La formation du concept de réflexe : le réflexe conditionne la liberté humaine, qui elle-même conditionne la plasticité humaine créatrice de nouvelles normes ;
- il y a cependant en dernière instance une limite à la plasticité organique de l’homme, qui ne peut pas créer de nouvelles normes pour tous ses caractères physiologiques.
Dans sa démonstration, Canguilhem utilise maints exemples pour faire passer son idée : les records des athlètes font « craquer les normes et en instituent de nouvelles » plus sûrement encore que la physiologie ; les méditations des yogis indiens [3] montrent que la volonté peut avoir une influence même sur les fonctions végétatives qui sont d’ordinaires soustraites à la conscience.
Puis vient ce passage savoureux où Canguilhem se penche sur « le taux de la glycémie chez les Noirs d’Afrique », discutant les travaux de Pales et Monglond. « D’après ces auteurs le Noir doit être considéré en général comme hypoglycémique », nous dit Canguilhem : on remarquera déjà cette façon si particulière, et que d’aucuns jugeraient méprisante, de parler du « Noir », d’une façon générale, par l’article défini.
Mais l’essentiel n’est pas là. Se penchant sur les causes de cette hypoglycémie − en somme, le Noir manquerait continuellement de sucre dans le sang − et surtout de la résistance à ce trouble face auquel « l’Européen » trépasserait à coup sûr, Canguilhem, tout comme Pales et Monglond, en déduisent que ce fonctionnement du Noir, qui est normal dans son lieu, ne peut paraître pathologique qu’en rapport à la norme blanche [4] : tout n’est donc qu’affaire de normes, lesquelles sont relatives aux différents modes de vie et aux milieux habités par les vivants, si bien que normal au-delà des Pyrénées, pathologique en-deçà.
Pour l’instant, rien de bien condamnable, si ce n’est peut-être un petit manque de politcal correctness dans les formulations. Mais arrivent la question des causes et conséquences que l’on peut donner de cette résistance à l’hypoglycémie. Pour Pales et Monglond, cette dernière aurait pour causes essentiellement la « sous-alimentation chronique, le parasitisme intestinal polymorphe et chronique, le paludisme ». Et pour ces mêmes auteurs, ainsi que pour Lefrou, cet hypoglycémie chronique serait en rapport avec « l’indolence » légendaire du Noir.
En somme, le Noir est hypoglycémique en raison de facteurs environnementaux ne favorisant pas un régime très calorique ; en raison de cette hypoglycémie, de ce manque d’énergie, le Noir est dans une fringale perpétuelle, ce qui explique son indolence, sa paresse, sa fainéantise.
On pourrait s’attendre à ce que Canguilhem bouscule un peu ce préjugé du Noir paresseux congénital, dont on est cependant heureux d’avoir enfin trouvé les causes de l’infériorité au labeur [5] : la sous-alimentation et la maladie. C’est bien ce que Canguilhem fait, mais pas de la façon dont on peut l’imaginer. Pour Canguilhem, c’est davantage l’enchaînement causal qui est en cause. Citons le passage in extenso :
L’indolence du Noir apparaît à Lefrou, comme à Pales et Monglond en rapport avec son hypoglycémie. Ces derniers auteurs disent que le Noir mène une vie à la mesure de ses moyens. Mais ne pourrait-on pas dire aussi bien que le Noir a les moyens physiologiques à la mesure de la vie qu’il mène ?
Puis, fin du sous-chapitre sur ce procédé rhétorique d’une interrogation sans réponse [6], qui déguise bien mal l’assertion soutenue en la faisant passer pour une hypothèse : pour Canguilhem, ce n’est pas parce que le Noir est hypoglycémique qu’il est fainéant ; c’est parce qu’il est fainéant qu’il est hypoglycémique. Par nature, le Noir manque de volonté ; par suite, il a le corps qu’il mérite. Canguilhem ne remet donc pas en cause l’idée que le Noir soit fainéant : il le rend au contraire responsable de ce trait de caractère du fait de sa mauvaise volonté, en excluant les facteurs environnementaux.
Ayant sans succès googlé cette phrase, je suis curieux de constater qu’elle n’ait jusqu’alors éveillé aucun commentaire. Ni même dans la littérature anglophone, pourtant beaucoup plus prompte à dégainer les missiles théoriques lorsque le politiquement correct est malmené. Dans l’édition de référence, la traduction donne :
But could it not just as well be said that the black has physiological means in accordance with the life he leads?
Cela est frappant, car pour tenter une généalogie, Canguilhem est souvent montré comme la condition de possibilité de Foucault, sur un plan tant théorique (Le normal et le pathologique est une première discussion des processus de normalisation) qu’institutionnel (Canguilhem, après un moment d’hésitation au moment de l’Histoire de la folie lorsqu’il fallait un directeur de thèse, fut un soutient de toutes les circonstances) ; Saint Foucault étant quant à lui le Père des gender studies, postcolonial studies, et autres studies forcément studieuses, qui cherchent justement à démasquer, déconstruire, ce genre de discours.
Mais ce serait beaucoup prêter à cette petite page, et peut-être même faire un mauvais procès à Canguilhem, qui est sans doute à l’opposé des thèses racistes que l’on peut trouver soutenues, pour le coup explicitement, chez d’autres penseurs de la même période : 1) il faut se méfier de telles généalogies historicisantes ; 2) cette réflexion de Canguilhem est peut-être contingente et accessoire quant à sa réflexion centrale, si bien que l’on pourrait l’élaguer de l’arbre sans que celui-ci n’en meurt ; 3) Canguilhem a, dans les éditions suivantes et surtout en 1963, nuancé certaines de ses conceptions vitalistes en les attribuant à la fougue de sa jeunesse, dans un élan presque cioranesque [7] ; 4) c’était aussi les années 1940, et il est difficile de ne pas respirer au moins un peu de l’air du temps.
Toujours est-il qu’il s’agit là de l’une des routes sur laquelle peut conduire le vitalisme d’inspiration bergsonienne et nietzschéenne qui animait Canguilhem à cette époque. Le normal et le pathologique est certes l’un des premiers textes à remettre en cause, ou au moins à questionner les processus de normalisation, il n’en demeure pas moins qu’il comporte certains aspects gênants, parmi lesquels la défense du surhomme [8] créateur de ses propres valeurs, tant psychologiques que physiologiques, et la disqualification de certaines formes de vies ne le voulant pas, tel que ce Noir, hypoglycémique parce qu’indolent.
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[1] Il est publié dans la collection du même nom aux PUF.
[2] Cette expression bergsonnienne n’est pas utilisée comme telle à cet endroit dans le texte de Canguilhem, mais la référence aux thèses de Bergson est à mon sens indéniable (Canguilhem le cite par ailleurs), tout comme l’est celle aux thèses de Nietzsche au sujet de la « volonté de puissance ».
[3] On en n’a décidément pas fini avec ces yogis hindous, qui déjà impressionnaient Pyrrhon au point qu’il en devint sceptique, qui impressionnaient Schultz au point qu’il donna le training autogène, et qui continuent d’impressionner des gens comme Matthieu Ricard.
[4] Pales et Monglond oppose le Noir et le Blanc d’une façon certes abstraite et générale, mais égalitariste ; Canguilhem oppose quant à lui le Noir et l’Européen, où une couleur de peau s’oppose non plus seulement à une autre, mais aux habitants d’un espace géographique déterminé : l’Europe est à l’Européen ce que la Négrerie (et non pas l’Afrique) est sans doute au Noir − avec tout de même une majuscule.
[5] Paradoxe : le Noir est fainéant, mais pourtant on le réduit en esclavage. C’est sans doute que l’esclavage est nécessaire, car sans le joug qu’on lui attache, le Noir se complairait encore davantage dans sa flemmardise.
[6] Tactique rhétorique récurrente des discours de Nicolas Sarkozy.
[7] Cependant, si Canguilhem a ajouté des notes de bas de page de-ci de-là, comme à la page 117, il n’en est rien pour le passage en question.
[8] Encore une fois, Nietzsche est surtout présent dans le texte par son fantôme, et n’est, sauf erreur de ma part, cité explicitement qu’une seule fois. De même que sa constellation terminologique n’est que faiblement mobilisée, en dépit des convergences évidentes. Précaution d’usage pour ce résistant, à l’heure où Nietzsche était l’un des philosophes officiels du IIIe Reich ?
[amtap book:isbn=2130575951]
9 février 2012 à 12:20 Luccio[Citer] [Répondre]
Si tant est que le rôle de l’avocat ait un sens, qui plus est pour défendre une page sans doute accessoire, il a au moins celui de me divertir.
I Contre la fondation biologique du racisme : le milieu et la santé
1) Tout d’abord, p.114 Canguilhem rappelle « qu’il n’y a pas de fatalité géographique », que les normes collectives de vie ne sont pas dictées par le climat. Les « genres de vie » sont liés au climat, mais pas dictés par lui.
Ainsi les autres civilisations ne sont pas en droit inférieure, le racisme, s’il y a racisme, n’est pas fondé sur la géographique.
Des virtualités d’exploitation techniques d’un milieu sont choisies, et même les antiques et naturelles cultures ont été choisies un jour. Notons que le choix est davantage inconscient, il s’agit de constater que les gens ont décidé de maintenir les normes en place.
2) Resterait cependant disponible une autre forme de racisme : certains cultures gâchent leurs potentialités, elles en sont restées à l’élevage au lieu de construire la Tour Eiffel.(On peut retrouver cela dans cet cet article de géographie de 1948, dont je n’ai finalement lu que les premières lignes et que je maîtrise peu).
L’exploitation technique du territoire est moins bien ici que là, donc ici on est chez les nazes. Mais voilà qui ne serait pas vraiment exacte, je crois, car la p.116 annonce la suite des écrits de Georges Canguilhem : le milieu du vivant est aussi l’œuvre du vivant. Ainsi on ne justifie de la qualité de sa vie que par rapport à son milieu. Le milieu n’est pas le monde objectif, il est le monde tel qu’il est aperçu par le vivant dont il est le centre.
L’étude de la géographie du monde n’indique pas la voie à suivre, mais la capacité de l’être humain à varier. L’homme est le seul animal qui puisse tant varier : il est sous tous les climats, et dans des climats proches (même s’ils sont géographiquement éloignés) varie son mode de vie.
Du point de vue de la vie, de la vie en bonne santé, toute culture en vaut une autre tant qu’on y vit bien — ou tant qu’on y vit longtemps, etc. mais jamais tant qu’on y partage telle habitude alimentaire plutôt qu’une autre.
II Intervention de la technique dans la physiologie
1) De même, il ne s’agit pas de voir qu’elles sont les normes physiologiques que partagent les individus, mais s’ils sont en bonne santé. Ces normes peuvent varier dans les sociétés différentes, dans les genres de vie différents, non déterminés par leur climat.
C’est en fait par la technique, qui exploite le milieu, que ces normes peuvent évoluer ou apparaître. La technique exploite, crée et modifie le milieu et l’organisme au centre de ce milieu.
– ajout à la 1963 : le myope n’est pas malade là où il y a des lunettes
– le Yogi peut faire des choses extraordinaires, il a des techniques sur son propre corps… mais ces techniques ne manquent pas à l’Européen ; sa civilisation n’a pas choisi de s’entrainer à varier sa vie végétative.
2) Dans ce cadre, le réflexe n’évolue pas via une attention de la conscience à l’activité du réflexe, mais via une technique qui oblige le réflexe à évoluer. Car le réflexe n’est pas réflexe mécanique, arc stimuli-réaction, mais un arc stimuli-cerveau de l’organisme/être vivant-réaction, où l’organisme dans on entier intervient, « il s’agit d’un phénomène fonctionnel global, et non pas segmentaire ». La modification des réflexes, comme l’écart de température entre le sommeil et la veille n’est ni consciente, ni entièrement plastique (force de l’habitude pourrait-on dire).
2bis) Le Yogi est un cas particulier, mais Georges signale qu’il manipule des fonctions sans connaître ses organes ; dans ce cadre il développe des trucs techniques, et non une maîtrise directe de sa physiologie.
Les Yogis, comme l’étude de la géographie du monde, ne sont pas mis en avant pour indiquer la voie à suivre, mais la capacité de l’être humain à varier.
3) La volonté agit ainsi sur le corps par l’intermédiaire de la technique. Et il me semble, pour le meilleur, car la liberté serait dans la technique qui permet de modifier les réflexes, et de supporter de nouvelles choses (la myopie) — on est loin d’une définition aliénante et heidegeerienne de la technique, me semble-t-il (mais là ça se trouve je me plante)
III Interprétation d’un passage laconique certes, mais pourtant profondément humain
1) Car la rhétorique est bien celle d’un homme discret pour ne pas insulter ses confrères universitaires, même quand ceux-ci se trompent. Car Canguilhem n’écrit pas devant le tribunal de l’humanité, ou pour ceux qui prétendent y juger, mais pour ses confrères, capables de finesse… [Oui oui je t’insulte, mais bon, c’est une défense ou un concours de politesse ?]
2) Certes Canguilhem ne remet pas en cause l’indolence du Noir d’Afrique, mais quand il parle du Noir, il n’évoque pas LE Noir en général, le nègre, qu’on trouve en Afrique, en Amérique, et même en Europe, mais le Noir en tant qu’il est en Afrique, l’Africain noir. C’est l’homme noir qui habite en afrique sub-saharienne
2 bis)Certes il oppose implicitement les habitants d’Afrique noire, entre les blancs et les noirs, mais relever cela me semble aller trop loin, et mener à des propos inessentiels (car une telle opposition est sans valeur pour lui, ce qui compte est essentiellement le régime de vie… et elle est sans valeur pour notre science, tant dans l’opposisition N-B, que dans l’assimilation des noirs aux noirs)
3) Le Noir n’est pas associé à la Noiritude ou à la Négrerie, mais bien à l’Afrique noire, comme l’Européen l’est à d’Europe. Plus précisemment il rappelle que l’étude porte sur des « Noirs d’Afrique » belges (des « indigènes de Brazaville » dit-il plus pudiquement)
4) Certes cependant il semble opposer deux climats, ou deux territoires, desquelles surgiraient deux normes de civilisation. Mais il me semble que la page 111 sert de transition vers l’étude du problème de la technique.
5) Et voyons son raisonnement de plus près
Commençons par la phrase que tu ne cites pas
(i) On compare physiologiquement le Noir à l’Européen parce qu’on juge l’européen comme une norme.
(ii)
Mais l’Européen ne sert de norme, de moyenne de référence, que parce qu’on voit qu’il vit une vie en bonne santé, qu’il a su instaurer des normes qui lui permettent de vivre.
L’Européen a un mode de vie pérenne, dont la moyenne d’un taux de glycémie dans le sang n’est qu’un signe de sa vie normée, et donc de sa capacité à vivre, à se forger des normes, de sa normativité.
(iii) L’Africain noir apparaît indolent à l’Européen, qui explique cette indolence par le taux de sucre, que ne supporterait pas un Européen. Pour eux il vit une vie à la mesure de ses moyens, une vie qui n’a pas la qualité de la norme et des moyennes associées qu’ils ont en tête : la vie européenne et ses taux de glycémie.
(iv) Le Noir a un vie qui est la sienne, avec ses propres normes, sa capacité normative, une vie en bonne santé. Il n’est pas malade, mais vivant. Il a sa vie, son modèle.
(v) Certes Canguilhem fait du noir un indolent, mais ne dit pas que c’est un mal. La vie de l’Africain est juste une autre façon de vivre qu’il n’est pas pertinent de comparer avec la vie d’un Européen. En fait l’indolent c’est un jugement anthropocentré, guère plus.
(v bis) Corrélativement il n’y a pas de hiérarchie Noir-Européen-Yogi, ces comparaisons absolues ne sont pas le problème de la vie et de la santé
(vi) Non dit : possible que sa vie évolue avec de nouvelles techniques s’il les intègre.
Et là PAM, Canguilhem d’un seul coup il est vachement plus proche de CLaude Levi-Strauss (notamment dans Race et histoire) que des tes conclusions, mon cher Oscar.
Politesses conclusives
En tout cas je te remercie, monsieur l’avocat général, pour ton billet dont la lecture fut extrêmement stimulante. Car je ne saurait douter que tu joues et cherches la bête dans les idoles, non pas pour le mettre en prison, mais, comme tu le signales, pour t’amuser des idolâtres. Personne ne saurait te blâmer, en tout cas pas moi.
Et pardonne-moi d’être si long, mais sache que je suis le premier que ça effraie « je n’y consacrerai pas plus d’une demi-heure » me suis-je dit il y a maintenant un bon moment.
PS : je pense qu’il faut faire attention à l’assimilation vie – élan vital, qui pourtant me tente aussi assez. Notamment parce que le vitalisme et son élan au-delà des vivants ne me semble pas coller super bien avec la pensée du milieu. Voilà pourquoi Canguilhem l’a peut-être abandonné.
En effet je ne suis pas certain que l’élan vital permette de penser que les êtes vivants construisent leur milieu, qu’il ne font pas que répondre à un cadre de problèmes objectifs, mais se créent des problèmes, et mettent leur vie en jeu si les problèmes choisis ne sont pas les bons, ou s’ils sont mal traités. Un crapaud gobe ce qui est noir et vole, et son monde, son milieu, est de ce point de vue scindé en deux. Et les mouches, pour lui échapper, ne devraient pas aller plus vite, mais changer de couleur — ce dont elles ne sauraient avoir idée.
Et là je m’aperçois que je ne comprends rien à ce que je dis… faut que je révise mon élan vital. Ou plutôt : je t’en prie, aide-moi, HELP ! raconte-moi que mon instinct est bête, ou bon, mais en tout cas pourquoi et comment.