Sport, violence et éducation
On dit que le problème de la violence dans le sport (des sportifs eux-mêmes ou des spectateurs) est un problème éducatif. Que penser alors des vertus pédagogiques du sport ? Faut-il penser que l’on abandonne l’idéal éducatif du sport ? Qu’il ne suffit pas à éduquer ?
Souvenons-nous de Thomas Arnold, de Pierre de Coubertin. Le sport était censé servir d’éducation, de pédagogie. Tout le système pédagogique devait se fonder sur le sport. Il était la clef.
Dire que la violence dans le sport est un problème d’éducation est une manière de décharger celui-ci de sa possible responsabilité quant au phénomène. C’est dire que le sport n’est pas pédagogique. Qu’il ne sert pas à lui seul d’éducation. Que son action est nulle sur les caractères puisqu’il lui faut un adjuvant. C’est renier tout le projet de Coubertin.
Là était le principal argument de Coubertin pour imposer le sport face à la gymnastique. Dire que le sport pouvait lui aussi être éducatif, porteur de valeur, qu’il pouvait aussi servir la société. Renier Coubertin, c’est renier ce pourquoi et par quoi le sport est parvenu à s’imposer dans nos sociétés. C’est un reniement des origines.
Dire que le sport n’est pas responsable de la violence, que celle-ci est un problème d’éducation revient donc à renier le sport lui-même. Ceux qui soutiennent cette thèse ont pour intention de sauver le sport. Paradoxalement, il achève avec ce raisonnement de l’enterrer.
Ce qu’ils enterrent, c’est le sport de Coubertin (qu’il ait vraiment souhaité celui-ci ou non) avec une visée éducative, pas le sport en lui-même. Un sport est mort, un autre survit. Sans doute est-ce ce sport-spectacle tant dénoncé depuis Georges Hébert.
[amtap book:isbn=2213028567]