Le tiers exclu (I): l’apartheid social
Ou comment la société, la française en particulier, institue un développement séparé parvenant à être revendiqué par ceux-là mêmes qui sont exclus.
Le pauvre, le mendiant, le clochard, l’indigent, le nécessiteux, le misérable, le râpé, le loqueteux, le déguenillé, le famélique, le meurt-de-faim, le claquedent, le marmiteux, le sans pain, sans ressources, sans le sous ni maille, ni domicile n’existe pas en tant qu’homme.
Si nous le regardons, c’est pour lui signifier qu’entre lui et nous, il n’y a pas une différence de degré mais de nature. Il est un paria, un dalit, un intouchable vivant sur le même sol, mais parallèlement à nous. Nous le refoulons dans un apartheid où son seul droit reste celui de dormir sur le trottoir sur lequel nous marchons et crachons. Lui et nous ne participons plus de la même espèce. Nous ne sommes plus fait du même bois. À nous l’humanité, à lui le rang de « rebut ». À nous la société, à lui ce « développement séparé », cette ségrégation sociale.
Les enfants de Don Quichotte prirent ce tiers qui était exclu, ces hommes que l’on feignait de ne pas voir pour les mettre sur la place publique et montrer à tous combien la misère que l’on refoulait était présente, trop présente. Que derrière la peau rougeâtre, les rides, les engelures, les cicatrices, les guenilles, l’alcool, la drogue, les bagarres, le froid, la faim, la mort, il y avait bien un homme. Un homme en danger dont il est un devoir pour tout autre de secourir et de rendre sa dignité. Pour que « Fraternité » ne soit plus un vain mot.
[amtap book:isbn=2253145939]
29 novembre 2008 à 17:01 A ton avis?[Citer] [Répondre]
Quel est l’intérêt de ces lignes?
Loin d’être une question de rhétorique, cette interrogation peut donner lieu à une réponse…