Le PS touché par le syndrome floridien
Qui ne souvient pas de l’élection présidentielle américaine 2000 si indécise en raison du comptage et recomptage des votes en Floride ? Que n’avait-on entendu à l’époque ? Les États-Unis prouvaient là qu’ils n’étaient plus qu’une république bananière, si tant est qu’ils avaient été un jour démocratiques. Ce pays trop sûr de lui, impérialiste, capitaliste, insolent, au-dessus des lois voire hors-la-loi dévoilait enfin explicitement son essence fasciste.
Ces critiques venaient en France de tous les camps, tant l’anti-américanisme est ici une valeur transcendante et consensuelle. La droite y voyait un symptôme du pourrissement moral yankee pendant que la gauche interprétait cela comme une preuve de la dégénérescence capitaliste. Ça non, cela ne pourrait advenir en France.
C’est pourquoi on passera sur les élections internes du Congrès fondateur de l’UMP qui dès 2002 furent le lieu d’irrégularités électroniques. De même que l’on feindra d’oublier qu’il y eut maintes autres Florides lors des récentes élections municipales et moult scrutins invalidés. D’où, conclusion quasi-syllogistique : on fermera une fois de plus les yeux sur les dysfonctionnements démocratiques du PS ayant eu lieu à l’occasion de la désignation du premier secrétaire du parti, lesquels annoncèrent dans un premier temps Martine Aubry en vainqueur mais qui pourraient bien dans les quelques prochains jours propulser en fait Ségolène Royal à ce poste.
Consolons-nous avec ce que Jean-François Revel remarquait : qu’il vaut mieux un État où l’on autorise à compter et recompter les voix jusqu’à six mois après les élections sans savoir qui est élu qu’un état où l’on sait six mois à l’avance qui le sera sans avoir à compter les voix.
[amtap book:isbn=2259194494]