Couverture de livre, extraite du site cultura.com

Qu’est-ce que  la Programmation Neuro-Linguistique ?

Un mien camarade m’a demandé, il y a quelques semaines, quelques renseignements sur cette technique thérapeutique, de développement personnel et de management (et oui, tout ça !), née dans les années 70.

Mes faibles notes devinrent toutefois un discours très engagé. Je vous le livre donc ici.

I La PNL et la communication réussie

La Programmation Neuro-Linguistique est une affaire de communication.

Pensez à une vache. Vous avez en tête des souvenirs, des histoires, des couleurs, des images, voire des émotions. Vous avez même en tête des sons : « Meuh ! », ou le mot « vache ». Toutes ces images, sédimentées, associées dans votre esprit, ancrées dans votre cerveau, forment, si j’ai bien tout compris à la programmation neuro-longuistique (PNL), la signification du mot vache.

Selon la PNL, un code existe, entre les sons et les significations. « Une vache dans un pré » provoque en vous des images et des émotions. Mais pas les mêmes que « un pré dans la vache ».

Notez que la signification d’un énoncé varie selon les individus qui écoutent : nous ne partageons pas tout à fait les mêmes codes. Même s’ils se ressemblent.

Et si j’ai bien compris : parler, c’est coder : c’est transformer ses pensées en mots ; à l’inverse, écouter, c’est décoder : transformer les mots en pensées, en images, en émotions. Tel est le « méta-modèle » PNL de la communication.

L’être humain n’est donc plus tant un homo sapiens sapiens, un homme qui sait qu’il sait, mais un homo sapiens codans, un homme qui sait parce qu’il code.

Aussi sommes-nous dotés de programmes variés, qui décodent des objets variés ; nos programmes de communication décodent des mots, des gestes et des attitudes. La PNL étudie ces programmes de communication, mais pas les programmes individuels, plutôt les types généraux de programmes, qu’elle semble appeler des méta-programmes. Les types généraux permettent de classer les individus, selon leur affinité avec tel ou tel méta-programme.

A cette fin, la PNL emploie un outil neurologique intéressant, très fondé et forcément célèbre : la calibration. Par exemple, si vous pensez à un souvenir en pointant vos yeux en haut à gauche, vous êtes du genre à reconstruire visuellement vos pensées. Un interlocuteur avisé vous incitera à « visualiser » ses propos.

Armée de ce savoir, la PNL vous invite à mieux coder vos mots, vos gestes, vos comportements, pour qu’ils soient mieux reçus par vos interlocuteurs, selon leurs méta-programmes. Un message bien codé, bien programmé, facilite le déclenchement du comportement souhaité.

Communiquer, c’est déclencher, chez les autres (ou en soi-même), les significations qui nous arrangent, donc les émotions et comportements qui nous arrangent. La PNL est un art de la communication, adaptée au profil de chacun. Tournée vers soi-même, elle devient un outil de développement personnel.

II La PNL comme esquisse de la nature humaine

Jonathan Swift, sans perruque.

Au-delà des techniques propres à son art, la PNL dessine une image pragmatique, utile et réelle de la nature humaine. Si elle ne correspond pas à votre vérité, prenez d’abord le temps de la découvrir.

La synchronisation

Tout d’abord, la PNL nous enseigne la nécessité de synchroniser nos comportements et rythmes physiques à ceux de nos interlocuteurs. Par exemple, si quelqu’un nous parle rapidement, tapotons rapidement du stylo. Une fois les rythmes synchronisés, votre interlocuteur est en confiance, en harmonie. Telle est, comme certains la nomment parfois, la synchronisation-caméléon.

« Il faut se rappeler d’abord que les messages verbaux et non-verbaux s’adressent à l’une des parties les plus archaïques de notre cerveau : le reptilien ».

La PNL pour tous, A. Duluc, J-L Muller, F. Vendeuvre, p. 64.
(Ce livre introductif, publié en 2016 chez EFS et imprimé en Pologne, a le mérite d’être très clair ;
je lui emprunte une partie des exemples proposés plus bas) [1]

 

La PNL nous apprend donc à canaliser homo sapiens codans reptilus, à l’ouvrir au dialogue. Et n’est-ce pas respecter l’autre, que de se synchroniser avec lui ? Comme l’écrivent les auteurs de La PNL pour tous, page 72 : « Refuser la synchronisation, c’est comme vouloir rentrer en contact avec un étranger tout en refusant d’apprendre à parler sa langue ».

En plus, une fois synchronisé à votre interlocuteur, votre interlocuteur vous est synchronisé. Lui aussi vous imite : respirez, parlez et tenez-vous selon les rythmes et postures recommandées par la PNL. Diverses techniques vous permettront ainsi de provoquer, chez vos interlocuteurs, les émotions idoines à la communication. Du moins, si j’ai bien compris la PNL.

Le recadrage

Voltaire, avec perruque.

Si la synchronisation représente un versant plutôt neurologique de la PNL, tournons-nous vers ces deux opérations plutôt linguistiques que sont le recadrage et l’ancrage.

Le recadrage consiste à synchroniser nos mots avec les méta-programmes langagiers de nos interlocuteurs (généraux, culturels ou individuels), que la PNL nous apprend à déterminer par observation selon ses schémas.

Pour en rester à niveau général, ne dites pas « je dois maigrir », mais « quelle méthode puis-employer pour perdre 10 kilos d’ici 3 mois ? ». De même, évitez de dire « Il faut » ou d’annoncer que vous donnez un conseil ; évitez la violence de l’engagement en première personne. Pensez, dans le choix de vos mots au moins, à respecter la spontanéité de votre interlocuteur. Faites plutôt des suggestions, où demandez-lui comment un article traiterait de la situation.

Ne l’oubliez pas : placer un énoncé dans le bon cadre permet de faciliter le déclenchement du bon comportement. [2]

L’ancrage

Marcel Proust

L’ancrage consiste à employer, autour d’un mot ou d’un geste, des images multiples associées à une émotion forte. Par exemple, dans une réunion de groupe, quand les gens rient, lancez un petit « hop, hop, hop ! » pour ancrer la joie du rire ; à l’occasion, vous vous en resservirez. Sinon, il y a des ancres sociales et toute prêtes disponibles dans la culture ; n’hésitez pas à vous en servir !

Avec l’ancrage, la PNL touche le réel, mais pas seulement, car l’ancrage peut aussi se révéler utile. Par exemple, en combinant divers souvenirs et expériences heureuses autour d’un mot-clef, vous pouvez vous forger une ancre-doudou de première bourre.

De plus, les techniques d’ancrage ont des applications quasi thérapeutiques. Si vous avez le souvenir d’une scène triste, c’est une ancre négative : vous pouvez la désancrer.  N’hésitez pas, si c’est un souvenir visuel, à l’imaginer en baissant la lumière, puis à l’éloigner, jusqu’à sa minimisation la plus totale.

Tout cela, on peut le faire chez autrui, pourvu qu’on le respecte !

L’homo sapiens reptilus codans, ancré et recadré, est donc un être rationnel et pleinement social. Ses pensées n’oublient pas de faire place à celles d’autrui. Il ne prétend pas connaître la vérité, il est dans le réel !

III Place de la PNL dans les sciences

Mais, je vous vois déjà un peu triste, avec vos doutes et vos questions.

Accusations variées

Titre atroce, livre extraordinaire !

Je vous imagine déjà demander si la PNL, au motif de respecter les autres, ne leur masque pas la réalité tout en étouffant leu spontanéité. Mais s’imposer à autrui sous couvert de s’engager vraiment (d’assumer son rôle), n’est-ce pas un peu violent ?

Je vous imagine aussi arguer d’une théorie du cerveau comme ensemble de programmes bien dépassée. Mais vous, qui avancez Damasio, l’avez-vous lu en entier ? Et croyez-vous qu’il ne soit pas lu en PNL ? Êtes-vous au courant des dernières recherches en PNL ?

 

Enfin, plus scolaire, vous demandez : le langage ne devrait-il pas nous ouvrir à des contenus inédits et de nouvelles expériences, plutôt que servir à nous conforter dans nos émotions et nos sentiments ? Mais, c’est à une théorie générale de la communication, forcément loin des contenus, que vous reprochez l’absence d’attention au contenu, la réduction de l’objectivité à l’utile, et de la subjectivité à l’action orientée… Accuser la PNL de n’être qu’une sophistique moderne, n’est-ce pas un peu facile ?

Statut universtaire

Croyez-vous que si la PNL valait moins qu’une conversation honnête avec un ami on écrirait tant de livres ? Et si elle n’était que bavardage de poseurs déconnectés de toute pensée et action réelles, pensez-vous que les managers la prendraient aux sérieux ?

Méditez plutôt ceci : où croyez-vous que j’ai trouvé le petit livre, la PNL pour tous, cité plus haut ? Et bien à la Bibliothèque universitaire de Lyon 3, côté 658.45.

Dans la classification Dewey, du nom du bibliographe qui l’initia à la fin du XIXème (Melvil Dewey), la côte 658.45 se lit ainsi : 600 pour Technologie (généralité, science appliquée, technique) ; 50 pour Gestion de l’entreprise et services auxiliaires ; 8 pour Gestion générale ; .40 pour Gestion au niveau des cadres ; .45 pour Communication considérée comme méthode de gestion.

La PNL n’est pas une pseudo-science ou un recueil de manipulations, c’est une considération sur la communication considérée comme méthode de gestion.

Enfin, constatez-le vous-même, elle est reconnue par l’Université.

 

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[1] A la fin du livre se trouve même un passage fort louable. Il s’agit d’une recommandation pour cadres : faire adopter de nouveaux comportements à ses collaborateurs (en l’occurrence, pour l’administration hospitalière, améliorer la qualité du transport en brancard avant une opération), non seulement en enseignant les techniques (de transport doux), mais surtout la raison de ces comportements (meilleur déroulement des opérations). Les personnels y sont plus sensibles, se sentent plus respectés, et c’est plus efficace.
(Il faut me pardonner : privé de l’exemplaire, je n’ai pas la page. Je crois que c’est une affaire de croyances et de niveaux logiques).
[2] Je renonce à poser des liens, mais vous découvrirez rapidement vous-même les bons effets des recadrages PNL pour la séduction.