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Le tiers exclu (III): le pauvre qui cache la forêt

Société 25 commentaires »
Texte 3 sur 5 de Le tiers exclu

BertallLe mendiant absolu, celui qui n’a plus rien et dort dans la rue, a une fonction sociale. Il cache la vraie misère. En focalisant sur lui toute l’attention de la société, il parvient à faire oublier la paupérisation générale de celle-ci. Il cristallise la pauvreté et mobilise tous les efforts de la charité en persuadant qu’il est l’unique malaise de la société, pendant que les conditions générales de la population se dégradent.

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Salvador Dali, fou du chocolat Lanvin

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Comment trier ses amis grâce aux précieux conseils d’Aristote ?

Modes d'emploi 6 commentaires »

AristoteL’homme est « un animal socio-politique », disait, grosso modo, Aristote. Il ne peut se concevoir hors d’un groupe : couple (homme et femme, mais aussi bien père et enfant, et bien entendu, maître et serviteur), famille, village, cité (polis – rien à voir avec Sting), sont les étapes graduelles de cette sociabilité qui aboutit aujourd’hui à l’amitié Web 2.0 façon Facebook des cyber-mondes, qui toutefois en constitue peut-être le degré le plus bas. Chacun possède des amis sans lesquels il lui serait impossible de se réaliser en tant qu’homme. L’amitié s’avère nécessaire à l’homme pour accomplir son essence.

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Dans le Toi vers Dieu

Sexus Empiricus, Doxographies 7 commentaires »

Martin HeideggerL’état de fait a été brisé par le fait d’origine – non pas de manière telle qu’une irruption du fait d’origine eût jamais été possible au sein de l’état de fait dominant. L’état de fait a été pour ainsi dire contourné quasiment comme s’il n’existait pas et l’ipséité rencontrée de manière élémentaire par le biais d’un chemin originaire nouveau. Le « Toi » de ton âme aimante m’a rencontré.

L’expérience de cette rencontre a été le commencement de l’irruption de mon ipséité la plus propre. Le fait de t’appartenir, à « toi », de manière immédiate, sans pont aucun, m’a mis en possession de moi-même.

Être nouveau, vivant, et ancien état de fait ont, dans un premier temps cherché à se compenser, la strate de l’état de fait, qui pesait de toute sa pesanteur propre, ne pouvait être mise d’un coup à l’écart. Des influences cachées de son type singulier continuaient à proliférer, et ce n’est que lentement que ses morceaux réduits en miettes en tombaient. – À ce moment-là l’expérience fondamentale du « Toi » est devenue une totalité dont les flots traversaient l’être-là… L’expérience fondamentale d’un amour vivant et d’une confiance véritable a conduit mon Être à se déployer et à croître. Elle a eu un effet créateur au sens que les types de comportement du travail intérieur, qui ne souhaitaient rien d’autre au départ que retourner vers le fait d’origine spirituel – ont fait irruption en partant de l’origine.

Heidegger, « Ma chère petite âme », Lettres à sa femme Elfride (1915-1970), Seuil, p. 406-407.

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La barbe !

Société 7 commentaires »

Arthur SchopenhauerOn peut même voir, comme symptôme extérieur de la grossièreté triomphante, la compagne habituelle de celle-ci, la longue barbe ; cet attribut sexuel au milieu du visage indique que l’on préfère à l’humanité la masculinité commune aux hommes et aux animaux. On veut avant tout un homme, et seulement après un être humain. La suppression de la barbe, à toutes les époques et dans tous les pays hautement civilisés, est née du sentiment légitime opposé : celui de constituer avant tout un être humain, en quelque sorte un être humain in abstracto, sans tenir compte de la différence animale de sexe. La longueur de la barbe a toujours, au contraire, marché de pair avec la barbarie, que son nom rappelle. Voilà pourquoi les barbes ont fleuri au Moyen Âge, ce millénium de la grossièreté et de l’ignorance, dont nos nobles contemporains s’efforcent d’imiter le costume et l’architecture.

Oussama Ben LadenLa barbe, dit-on, est naturelle à l’homme. Assurément : et pour ce motif elle lui convient parfaitement dans l’état de nature ; mais sa suppression lui convient de la même façon dans l’Etat civilisé. Celle-ci témoigne en effet que la force bestiale, dont le signe caractéristique est cette excroissance particulière au sexe mâle, a dû céder à la loi, à l’ordre et à la civilisation. La barbe augmente la partie animale du visage et la met en relief : elle lui donne par là son aspect si étrangement brutal : on n’a qu’à regarder de profil un homme à barbe pendant qu’il lit ! On voudrait faire passer la barbe pour un ornement : c’est un ornement que, depuis deux cents ans, on n’était accoutumé à trouver que chez les juifs, les Cosaques, les capucins, les prisonniers et les voleurs de grands chemins. La férocité et l’air atroce que la barbe imprime à la physionomie proviennent de ce qu’une masse respectivement sans vie occupe la moitié du visage, et la moitié exprimant le côté moral. En un mot, toute la pilosité est bestiale, tandis que la suppression est le signe d’une civilisation supérieure. La police est d’ailleurs en droit de défendre la barbe, parce qu’elle est un demi-masque sous lequel il est difficile de reconnaître son homme, et qui favorise tous les désordres.

Arthur Schopenhauer, Contre la philosophie universitaire (1851), Éditions Payot & Rivages, 1994, p. 117.

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L’affaire Roland Barthes

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Roland BarthesUn jour, Roland Barthes mourut alors qu’il se rendait au Collège de France, percuté par la camionnette d’une blanchisserie.

Comme cette mort était pour le moins inattendue, notre auteur n’eut pas le loisir de s’occuper de détruire ses notes, ses esquisses, ses ébauches, ses travaux, ses journaux, en un mot, tous les textes qui allaient devenir posthumes, orphelins de leur auteur.

L’existence de ces textes posait évidemment la question de leur éventuelle publication, de la même manière qu’il y eut et qu’il y a débat pour Foucault, Kafka, Nietzsche et autres grands noms. Qu’en pensait l’auteur ? Qu’en pensait son testament ? Qu’en pensait son exécuteur testamentaire ? Qu’en pensaient ses proches ? Qu’en pensait le public ? Pouvait-on légitimement publier posthumement ? Si la dernière volonté de l’auteur l’interdisait, pouvait-on y déroger ?

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Qu’est-ce que l’humanisme ?

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Michel FoucaultJ’entends par humanisme l’ensemble des discours par lesquels on a dit à l’homme occidental : « Quand bien même tu n’exerces pas le pouvoir, tu peux tout de même être souverain. Bien mieux : plus tu renonceras à exercer le pouvoir et mieux tu seras soumis à celui qui t’est imposé, plus tu seras souverain. » L’humanisme, c’est ce qui a inventé tour à tour ces souverainetés assujetties que sont l’âme (souveraine sur le corps, soumise à Dieu), la conscience (souveraine dans l’ordre du jugement ; soumise à l’ordre de la vérité), l’individu (souverain titulaire de ses droits, soumis aux lois de la nature ou aux règles de la société), la liberté fondamentale (intérieurement souveraine, extérieurement consentante et accordée à son destin). Bref, l’humanisme est tout ce par quoi en Occident on a barré le désir du pouvoir – interdit de vouloir le pouvoir, exclu la possibilité de le prendre. Au cœur de l’humanisme, la théorie du sujet (avec le double sens du mot). C’est pourquoi l’Occident rejette avec tant d’acharnement tout ce qui peut faire sauter ce verrou. Et ce verrou peut être attaqué de deux manières. Soit par un « désassujettissement » de la volonté du pouvoir (c’est-à-dire par la lutte politique prise comme lutte de classe), soit par une entreprise de destruction du sujet comme pseudo-souverain (c’est-à-dire par l’attaque culturelle : suppression des tabous, des limitations et des partages sexuels ; pratique de l’existence communautaire ; désinhibition à l’égard de la drogue ; rupture de tous les interdits et de toutes les fermetures par quoi se reconstitue et se reconduit l’individualité normative). Je pense là à toutes les expériences que notre civilisation a rejetées ou n’a admises que dans l’élément de la littérature.

Michel Foucault, « Par-delà le bien et le mal », novembre 1971 in Dits et écrits, I, p. 1094-1095.

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La masturbation est-elle un acte égoïste ?

Sexus Empiricus 2 commentaires »

Parties de jambes en l'airQuoi, à première vue, que de plus égoïste que le plaisir solitaire, cette pratique consistant à « faire l’amour à quelqu’un qu’on aime » (Woody Allen) ? La masturbation est cette façon de détourner ce plaisir qui n’est pour certains que ruse évolutive destinée à favoriser la reproduction phylogénétique. De même, pour Kant, le fondement de la morale ne pouvait être le plaisir. Un sujet ne saurait agir moralement en étant « pathologiquement affecté ». Dès lors, le plaisir sexuel n’est acceptable qu’avec pour visée téléologique la reproduction dans le cadre du mariage, cette institution qui permet à chaque partie de prendre possession des organes sexuels de l’autre, ce dispositif permettant l’habile contournement de la formulation de « l’impératif catégorique » stipulant que l’on ne doit jamais considérer l’autre uniquement comme un moyen mais toujours également comme une fin.

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Réflexions sur l’antisémitisme qui (re)vien(drai)t

Société 3 commentaires »

Alain FinkielkrautLa thèse défendue par Alain Finkielkraut dans son ouvrage Au nom de l’autre. Réflexions sur l’antisémitisme qui vient (2003) est que l’antisémitisme d’aujourd’hui serait, dans son essence, fondamentalement différent d’hier.

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Y a-t-il une islamophobie légitime ?

Politique, Choses dites, choses vues 3 commentaires »

Nicolas Sarkozy

« L’antisémitisme, l’islamophobie seront condamnés avec la même sévérité »

Nicolas Sarkozy, Président de la République, « Sarkozy affiche une « tolérance zéro » contre l’islamophobie et l’antisémitisme », Le Nouvel Observateur, mercredi 14 janvier 2009

À peine le Président avait-il affiché son intention de fermeté à l’égard des actes islamophobes que certaines associations de défense de la laïcité formées d’éminents libres penseurs s’offusquèrent de cette décision.

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