Il est de bon ton de critiquer les intellectuels médiatiques, tels que Finkielkraut, Glucksmann, Bruckner ou BHL. La posture qu’ils investissent est souvent irritante. Donneurs de leçons pour la plupart, n’hésitant pas, tel Sartre à la sortie des usines Renault, à se tenir debout avec un porte-voix au sommet des Majuscules des Grands Concepts : La Loi, La Liberté, La Démocratie, Le Totalitarisme, Le Racisme, La Laïcité. À énoncer, du haut de leurs bidons, ce qu’est Le Bien, ce qu’est Le Mal, ce qu’est La Justice et L’Injustice. À bidonner sur ce qu’il faut faire et ne pas faire, mais s’accordant tous sur un point : qu’il faut les écouter, déguster le miel de chacune de leur parole en appréciant toute leur valeur gourouesque et évangélique. Lire la suite »
Articles de l'auteur
Michel Foucault, Naissance de la biopolitique, cours du 31 janvier 1979
Doxographies Pas de commentaire »Il existe une « phobie d’État », la peur, comme dit Berenson, de « l’invasion de l’humanité par l’État ». Celle-ci s’explique par maintes raisons, comme, principalement la crainte du soviétisme, du nazisme, du planisme, qui sont des trop-plein d’État. Les phobiques de l’État, souvent exilés politiques, exportèrent ces idées sur d’autres terres et les diffusèrent.
L’un des arguments utilisé par les partisans de l’interdiction du port du voile intégral était, on s’en souvient, celui de la sécurité publique : il était nécessaire de pouvoir identifier les gens dans la rue grâce à leur visage. Lors d’un colloque le 17 décembre 2009 sur le port du voile intégral, Jean-François Copé déclarait ainsi :
Lire la suite »
Il n’aura échappé à personne que Morbleu ! a quelque peu déserté la scène intellectuelle et philosophique de la blogosphère francophone ces derniers temps. La faute à des congés assaisonnés d’une certaine flemme, et d’un retour au labeur pimenté de maints petits tracas. On aurait dû vous prévenir, chers fidèles lecteurs, pour ne pas décevoir votre impatience.
Ces jours derniers fut arrêtée une courtisane, c’est-à-dire une honnête femme publique, nommée Corsetta, qui vivait dans l’intimité avec un Maure habillé en femme et avec lequel elle avait fait, je ne sais comment, connaissance. Tous deux furent promenés ensemble dans la Ville en signe de scandale. La femme portait une robe de velours noir traînant à terre et sans ceinture. Le Maure avait, comme à l’habitude, des vêtements de femme. Ses mains étaient fortement liées derrière son dos. Tous ses habits, y compris la chemise, étaient relevés jusqu’au nombril, de sorte que tout le monde pouvait voir ses testicules, autant dire ses organes sexuels, et avoir la preuve de la supercherie. Quand ils eurent fait le tour de la Ville, Corsetta fut relâchée. Mais le Maure fut jeté en prison et y resta jusqu’au samedi 7 de ce mois d’avril, quand on le fit sortir des prisons de la tour de Nona en compagnie de deux autres brigands.
Devant eux s’avançait un sbire monté sur un âne et portant attachés au bout d’un bâton les testicules coupés à un juif coupable de rapports charnels avec une chrétienne. Ils furent conduits a Campo de’ Friori. Là, les deux brigands furent pendus. Le Maure fut placé sur un tas de bois, attaché à la colonne de la potence et étranglé. Pour cela, on lui mit une corde au cou ; puis, avec un bâton placé derrière la colonne, on tordit fortement la corde. Après cela, on mit le feu au tas de bois, qui s’éteignit à cause de la pluie. Toutefois, ses jambes, se trouvant plus près du feu, furent brûlées.
Johannes Burckard, Dans le secret des Borgia. Journal du cérémoniaire du Vatican (1492-1503), pp. 252-253.
Il est des pratiques religieuses dont le degré de rationalité laisse pantois l’athée que je suis. Ainsi en est-il de la circoncision, rituel constitutif de certains cultes tels que l’islam ou le judaïsme, qui se ressemblent et se rassemblent au sujet de nombreuses superstitions. Rituel qu’évite depuis longtemps (Concile de Jérusalem) le christianisme, auquel on doit faire grâce d’avoir autorisé la bigoterie sans avoir affaire à cette odieuse meurtrissure.
Les jeux et les hommes de Roger Caillois est un de ces trop rares livres dont l’intelligence dégouline à chaque phrase, faisant se coller les doigts à chaque page. Un livre si brillant qu’il en crève les yeux, tellement il est éblouissant. Ce texte fait plus que de livrer une théorie du jeu. Il est une sociologie ambitieuse proposant des catégories à la lumière desquelles nombre de phénomènes, contemporains ou même datés, trouvent sens, comme celui du « people ».
Lorsqu’on lui demandait de définir la modernité, Foucault confessait souvent un embarras. Il avouait ne jamais avoir bien compris ce que l’on entendait par cette idée, mis à part chez certains auteurs, comme Baudelaire. Dans son cas, la modernité apparaît alors davantage comme une « attitude », caractérisée, selon Foucault [1], par quatre points.
Big Brother vous espionne ; Morbleu ! aussi. Nous savons tout de vos habitudes de lecture. Non seulement quant à nos lumineux articles minutieusement distillés pour régaler vos malheureux neurones avides d’intelligence, mais également quant à certains livres que certains lecteurs achètent sur certains sites à partir de certains de nos articles.
Foucault s’est toujours défendu d’être un structuraliste. Pour certaines raisons. L’une méthodologique : il fut un temps où il commençait à se méfier de ce qu’il nommait les « universaux », ces grandes idées (la Loi, la Démocratie, la Société, le Capitalisme, le Libéralisme), ces grands concepts, ces grandes choses par lesquelles se manifesteraient les Hommes et leur Histoire. Penser à partir de ces universaux conduit à hypostasier les notions auxquels ils font référence, à les croire comme existant de toute éternité. Penser l’histoire ainsi conduit à ce travers épistémologique que Popper nommerait l’historicisme : que l’histoire n’est que le lieu de l’accomplissement/réalisation de l’essence d’un concept. Au contraire, pour Foucault, il n’y a rien de général mais que du particulier. C’est le singulier qu’il convient de penser, en se méfiant des grandes idées.