Articles de l'auteur

Où l’on découvre (avec impudeur) l’origine de l’autorité

Société, Morblog 6 commentaires »

Ma chère petite,

Michel Serres t’appelle Petite Poucette, et qui t’a connu t’a déjà appelé « Roger », mais une fois, pour rigoler. « Roger de Beauvoir », pourquoi pas ? Hier j’ai eu ton père au téléphone, il a dit des bêtises, et souriait jusqu’aux oreilles. Tu verras, ça lui arrive souvent. Mais là c’était beaucoup. Espérons que cela continue.

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Au jour de tristesse

Société, Morblog 2 commentaires »

Et si demain n’était pas là,
et si de mes actions, de mes tentatives, de mes échecs, plus rien ne restait. Et bien ce serait la vie, où nous nous essayons à la grandeur, tombons dans la paresse, brûlons d’amour. Je ne pourrais plus soutenir mes proches, leur dire que la vie continue, que les joies reviennent, que le monde est beau, que le colibri venu butiner sur ma terrasse était charmant. Adolescent, j’ai trouvé mon épitaphe : « Si je pouvais, je me regretterais » ; charmant épitaphe pour un vieillard en fin de course, un Kantifiant « es ist genug » (c’est assez). Mais si tout cessait demain, il n’y aurait pas grand chose, je crois, que je regretterais, et peut-être quelques-unes que je laisserais (mais Ferré a déjà fait son testament).

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Petite contribution à la reprise en main de la politique de la Nation

Politique, Société Pas de commentaire »

La société du spectacle, nommant les choses précisément par ce qu’elles ne sont plus, ne cesse d’invoquer les « discours » là où personne ne parle à personne, là où règne la loi du buzz. Au mieux, lorsqu’un personnage public propose enfin un discours, la société du spectacle le qualifie-t-elle comme un « discours de vérité ». Ultime hommage d’une société obsédée par une vérité qu’elle ne sait plus chercher, à un discours qu’elle ne sait plus entendre. Mais l’espace public est-il condamné à se voir privé de tout discours ?

Cher amis, tentons d’aller au-delà de ces mauvais mots, véritable vent mauvais, mais « que du vent ».

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Où l’on se surprend en plein délire professoral

Choses dites, choses vues, Histoire 7 commentaires »

Aujourd’hui, je crois avoir proprement déliré. Faisant preuve d’un intellectualisme des plus forcenés, ou d’un matérialisme linguistique, j’ai accusé la substance d’être responsable des guerres de religion. Rien de moins.

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Petite difficulté sur le hasard et la liberté : sending an SOS to the Lecteurs

Philosophie, Sciences & techniques 11 commentaires »

Hier je mangeais des fruits en écoutant 20 minutes de ceci. Affaire de hasard, car j’ai acheté une radio à l’ancienne, m’offrant ainsi les joies du zapping. C’est l’occasion de faire le tour de ce que je comprends du rapport entre hasard et liberté.
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Du combat pour l’émancipation féminine en grammaire et dans les clips

Société, Choses dites, choses vues 11 commentaires »

Richelieu, créateur d’instituts paresseux et rétrogrades.

Contexte : depuis quelques temps, Oscar Gnouros me fait lire de drôles d’articles, comme celui- ou celui-ci. Des articles où la considération intéressante côtoie le dogmatisme le plus furibard. Nul doute que le créateur et auteur principal de Morbleu s’amuse à réfléchir à embêter son principal collaborateur. Savez-vous qu’il écrit des trucs du genre « Cher-e-s tout-e-s » ? Voilà pourquoi je m’autorise à publier ici cette petite chose, pour me calmer un peu. La guerre du neutre n’aura pas lieu.

Que regarder les clips s’avère plus efficace qu’on ne le croit !
Un girls band « Give it to me, I worth it ». J’étais trop occupé à contempler les filles, jusqu’à voir débarquer le rappeur, exhibant d’affreux chicots et filmé de trois quarts, nous révélant combien il est animal et ghetto, pauvre et ambitieux (ces deux derniers adjectifs sont sans doute déjà trop doux et très faux). Il portait une casquette, et quand j’étais petit c’était un bandana rouge. Une demi-seconde lui suffit pour me sortir de ma léthargie de désir, enfin semi-léthargie, car naturellement je comparais les filles, me disant qu’il doit y avoir des styles pour séduire le populo américain, et notamment celui de la petite latino américaine qui continue de m’échapper. NRJ Hits annonçait une soirée « Teen Pop » en lien avec ce clip, et je doutais sérieusement que ces jeunes femmes furent encore des teens, et espère encore qu’elles n’en sont pas. Et là, plus fort que des jeunes femmes servies comme modèles à des ados, sommet dégoûtant d’une décadence qui jusque-là m’agréait plutôt : le rappeur ! que précédait un plan pseudo-subliminal « feminism is sexy ».
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Où l’on rappelle qu’ils sont fous ces Romains

Politique, Société 9 commentaires »

Un jour fut découvert un nouveau transcendantal (moyen de construction de l’objectivité) : le langage. S’y dessinait notre rapport au monde, et il était possible que certains dominants s’en servent mieux que les dominés. Puis vint une solution : mettons tout le monde au niveau, afin que chacun puisse s’en saisir. Certes la paix et l’égalité n’étaient pas installées, mais l’art devenait accessible, et l’autonomie certaine.
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Où l’on risque les foudres de l’animalus cinephilo-technophilis en exécutant une apologie d’Interstellar

Cinéma, Sciences & techniques 26 commentaires »

Il nous faut de l’exercice. Or un objet exerce en attendant de réfléchir au nécessaire, et entretient les disputes comme si l’affaire était d’importance. Cet objet, occasion d’une lutte sans merci entres les esprits nus, c’est l’art. Les cons s’y fâchent, les Latins s’y amusent, les Allemands s’y éduquaient. Tout me va. Voilà pourquoi, par pur plaisir de la dispute (davantage que par volonté de vous révéler les beautés cachées du monde et de l’esprit humain)[1], je vous invite à causer un peu d’Intersellar, de Christopher Nolan. Lire la suite »

Que Dimanche nous fûmes à la hauteur

Choses dites, choses vues, Morblog 1 commentaire »

La concorde en marche à LyonLe temps du deuil n’est plus, le journal reparaît ce jour. Mais ce fut le temps de ces marches silencieuses, véritables pèlerinages républicains. Je ne sais pas si je voyais, tel Foucault en Iran, la volonté générale dans la rue, mais j’y ai vu l’esprit de concorde ; si l’esprit de Charlie est celui de la liberté d’expression.
Après ce grand événement, aussi difficile à analyser qu’il fut imprévisible, que faire ? Parler à l’histoire ? C’est tentant. Agir dans mon coin, pour que ça ne se reproduise plus. C’est plus serein. Ma maxime est la suivante : il faut être intransigeant avec la bêtise, mais courtois, voire doux, avec les gens. Je serais doux et courtois avec les gens, je dénoncerai les sophismes et l’inapproprié, et je tenterai de fournir des éléments de langage pour les gentils (pas de raison que seuls les monstres en profitent). J’espère que nous serons nombreux à faire de même.

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Je suis Charlie

Morblog, Choses dites, choses vues 3 commentaires »

Aujourd’hui Charlie Hebdo a été attaqué.

Voilà l’effroyable visage de la bêtise, main dans la main avec la violence. Je condamne la bêtise, je condamne la violence.

Je déteste la bêtise. La bêtise est le propre de celui qui ne comprend rien à rien. Kant le remarquait : il manque de jugement, et ne sait pas sous quelle situation générale ranger un cas particulier. L’homme bête prend une pochade pour un affront, son orgueil pour de l’honneur.

Pire, l’homme bête est un inconscient. Et comme le remarquait Alain, l’inconscient s’appuie sur l’inconscience. L’inconscience est le refus de réfléchir, de remettre en question ses jugements, ou ses préjugés. Elle n’empêche pourtant pas de parler, de répéter, ou d’agir. Un inconscient peut manier un lance-roquette en criant des conneries. Mais un inconscient peut aussi répéter des éléments de langage, persuadé de dire la vérité, sur la religion, l’intégrisme, la liberté d’expression, la tolérance, etc. Répétez et agissez, hommes bêtes, aujourd’hui je vous déteste.

Parez-vous de vos convictions, elles ne sont que des avis non réfléchis ; vos indigestions mentales portées sur l’espace public. Ce ne sont pas des convictions.

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