Bachelard, ce barbu mystique
Une question serait de savoir pourquoi il était barbu. Cela mérite une psychanalyse. Une autre serait de savoir ce qui l’a poussé à passer tant de temps sur ces ouvrages d’alchimie. Lui nous fait croire qu’il n’a que mépris par rapport à eux. Or, on ne peut pas vouloir s’abîmer les yeux et s’user l’esprit aussi longtemps sans une raison précise.
Deux hypothèses. Soit il a d’abord conçu l’hypothèse que la science avant le XIXème n’en était pas une, et il a alors consulté nombre d’ouvrages d’avant cette période pour réfuter ou corroborer sa théorie. Soit il a d’abord lu ces ouvrages, puis à formulé cette théorie.
Or, dans le premier cas, pourquoi en lire autant ? Priestley, par exemple, ne suffisait-il pas ? Dans le deuxième, il avait un intérêt pour cette littérature. En somme, Bachelard devait avoir en lui une propension à l’occultisme, à l’ésotérisme. Il avait deux facettes : l’alchimiste et le chimiste. La psychanalyse de l’esprit scientifique qu’il se propose, c’est aussi une psychanalyse de son propre esprit à lui. Pourquoi cette infinie multiplication d’exemples plus ennuyeux les uns que les autres au lieu d’une synthèse, si ce n’est pour permettre à Bachelard de passer en revue tout ce qui a bien pu être ancré dans son inconscient de rationaliste ?
S’il y a deux Bachelard, l’épistémologue et l’esthéticien, il y en a encore deux autres ici : le scientifique et le mystique. Et ce ne serait pas l’unique fois que cela se produirait : Eco est aussi un passionné d’occultisme, et il le faut pour s’ingérer tous ces ouvrages spécieux. Tous les grands esprits ont une part mystique.
[amtap book:isbn=2711611507]