Tolstoï, pour aller mourir, aurait pris la Bible et les Essais de Montaigne. Il n’a pas pris la Critique de la raison pure ou La phénoménologie de l’esprit. Ainsi, le fragment serait supérieur au système car on pourrait relire Montaigne comme la Bible indéfiniment, sans lassitude, en cherchant chaque jour quelque chose, et pas Kant ou Hegel.
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Grant Wood est un peintre américain né en 1892 à Anamosa dans l’Iowa, décédé en 1942 à Iowa City. Il suivit les cours de la Minneapolis School of Design and Handecraft en 1910, puis travailla comme designer, et posséda un atelier de travaux d’argent avec Christopher Hega à Chicago. Il se rendra à Paris en 1920, fréquentera l’Académie Julian en 1923. Il découvrira l’art de la Renaissance allemande et de la Nouvelle Objectivité lors d’un voyage en Allemagne en 1928, où il étudiera à Munich. Il retournera en Amérique et fondera la Stone City Colony and Art School en 1932 dans son Iowa natal, où il enseignera à l’Université d’Iowa de 1934 à 1941.
Les musées sont souvent le lieu d’intenses débats entre les spectateurs au sujet des oeuvres d’art qu’ils peuvent rencontrer. Ils se font part, entre eux, de leurs impressions, parfois au point d’en faire profiter même ceux qui ne souhaiteraient pas entendre leurs opinions et voudraient pouvoir goûter à ce qui se présente devant eux dans la plus grande quiétude et dans un silence presque religieux, digne d’une assemblée de quakers. Hélas, cela est rarement possible, au point que dans ses Mémoires, Jean-François Revel propose que l’interdiction de parler qui est faite dans les cinémas soit étendue aux musées et même à toute oeuvre d’art. C’est peut-être un verdict sévère que celui-ci, et peut-être n’est-il justifié qu’en partie. Car, c’est presque un truisme, mais si les gens parlent devant un tableau, une sculpture, un édifice, c’est tout simplement parce qu’ils ont quelque chose à dire au sujet de l’oeuvre qui s’offre à eux. Quelque chose à dire, qui n’est pas nécessairement des plus intelligents – et c’est cela qui semble gêner Revel, mais quelque chose quand même. Le contenu de ce quelque chose est varié, mais d’une manière générale, il concerne la façon dont les gens ont compris ce dont il parle. Et s’il y a discussion, c’est parce qu’ils veulent en débattre avec les autres : leur dire comment ils l’ont compris et savoir comment eux l’ont compris. Pour Revel, la plupart des spectateurs qu’il entend autour de lui semblent mal comprendre, ou tout du moins, moins bien que lui ou certaines personnes, d’où son irritation, qui peut-être est justifiée.
Maurice Pradines, Traité de psychologie générale
Art, Philosophie, Doxographies Pas de commentaire »Maurice Pradines (1874-1958) était une psychologue, ou simplement un philosophe selon le point de vue. Son imposant Traité de psychologie générale publié en 1949 renferme bien plus que ce que le simple titre laisse supposer. Bien plus qu’une réflexion se limitant à la seule psyché de l’homme, Pradines entreprend de situer et resituer le sujet dans son monde. Ce travail passe par l’expérience esthétique qui constitue une étape incontournable. Deux phrases de la troisième section du deuxième livre sur les « arts et les sciences » de ce traité sont ici commentées.
À première vue, l’artiste semble être un être à part. Il n’est pas comme nous, il fascine, il intrigue, mais parfois même inquiète, comme ce fut par exemple le cas chez les iconoclastes ou plus proche de nous dans l’histoire, dans les régimes totalitaires du XXème siècle récemment achevé. Mais il n’en reste pas moins que beaucoup ne désirent que rejoindre ceux que l’on nomme « les artistes ». Beaucoup aspirent à le devenir, et peut-être y en a-t-il encore plus qui semblent avoir besoin d’eux, besoin de ces artistes. De telle sorte que l’on a peine à discerner qui de l’offre ou de la demande mène le bal : l’artiste ou son public?
Dernier écrit de son vivant (1960), écrit à Aix au Tholonet, face au paysage de Cézanne, dans la maison La Bertrane.
D’après Claude Lefort, auteur de la préface, Merleau-Ponty à « la conviction que tous les problèmes de la philosophie doivent être repensés à l’examen de la perception, et qu’il a tiré cela de la lecture de Husserl (p V) »
« Le travail du peintre persuade Merleau-Ponty de l’impossible partage de la vision et du visible, de l’apparence et de l’être (p VII) »
L’expérience que je fais lors de ma rencontre avec une oeuvre d’art débouche systématiquement sur un jugement concernant la valeur que je suis susceptible de prêter à l’objet qui se présente à mes sens (est-ce beau ou est-ce laid), puis selon l’issue de ce jugement, au fait que je puisse tirer une certaine jouissance de ma rencontre avec cet objet. Que je goûte la chose (comme on goûte un plat pour tester de sa réussite), et que je la trouve belle, alors je vais pouvoir à nouveau la goûter pour en jouir (comme on va goûter un livre en le savourant). En goûtant une oeuvre d’art, je réalise deux choses : je la teste pour voir si elle me convient, puis je la savoure; je la trouve belle, puis j’en jouis.