Mar 08
Dans le Traité de la nature humaine, David Hume entend passer les systèmes philosophiques devant « le tribunal de la raison humaine ». Ceux-là reposent d’après lui sur des « fondements insuffisants ». « Toutes les sciences sont plus ou moins reliées à la nature humaine », et, par conséquent, la philosophie aussi. Toutes dépendent « de la science de l’homme ». Il faut donc commencer par développer celle-ci. Par suite, on pourra même en attendre des améliorations pour la religion naturelle. « En prétendant expliquer les principes de la raison humaine, nous proposons en fait un système complet des sciences ». Cette science de l’homme doit « reposer sur l’expérience et sur l’observation ». On ne peut pas aller « au-delà de l’expérience » et il faut se méfier de « cette erreur qui consiste à imposer au monde ses conjectures et ses hypothèses comme les plus certains des principes ».
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Jan 12
L’art de gouverner de la raison d’État poursuivait des objectifs illimités sur le plan intérieur (État de police, pouvoir illimité sur les sujets), mais des objectifs limités sur le plan extérieur : il s’agissait d’empêcher qu’un des États européens ne parvienne à constituer une puissance hégémonique et reconstitue un Empire, une Europe à lui seul.
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Déc 15
Le libéralisme poursuit ainsi la raison d’état. Il n’entre pas en rupture sur les fins, mais sur les moyens. C’est la raison du moindre état à l’intérieur de la raison d’état. C’est le gouvernement frugal. Il s’agit d’un nouvel art de gouverner inédit : on aboutit à l’idée que pour gouverner le mieux possible, il faut gouverner le moins possible. Ceci est possible par le branchement de l’art de gouverner, de la raison d’état sur l’économie politique.
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Nov 12
Dans ce premier cours, Foucault revient essentiellement sur les résultats acquis lors de l’année précédente (le cours Sécurité, territoire, population de 1978). Il y rappelle brièvement une partie de sa méthode d’étude déjà exposée dans L’archéologie du savoir, à savoir celle d’un nominalisme méthodologique consistant à supposer que les grands universaux tels que l’auteur, le livre ou même le libéralisme – car plus que la biopolitique, le libéralisme sera l’objet du cours – n’existent pas en tant que tels, en tant qu’essences achevées et définies une fois pour toutes.
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Oct 19
On a tendance à réduire 1984 de Orwell au Big Brother. Ce roman serait celui d’un dispositif de surveillance généralisé où l’ensemble de la population serait observé dans ses moindres faits et gestes et contrainte par le pouvoir. En fait, une lecture attentive du texte – et même une lecture tout court, car il y a fort à parier que les premiers à dénoncer l’orwellisation de tel ou tel régime n’ont même pas daigné en lire le quart de couverture – fait apparaître bien autre chose.
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Sep 03
L’histoire de la philosophie s’apparente à un des fondamentaux que le philosophe doit maîtriser, au moins aussi sûrement que la cadrage-débordement au rugby. Il convient de travailler ses « gammes », comme au piano. Il est illusoire de penser que l’on peut partir de rien. Même les fées ont au moins besoin de citrouilles pour faire des carrosses. Il faut être cartésien – ou pire : husserlien – pour croire que l’on peut trouver un fondement infondé tout en se croyant émancipé de tout contexte, et de toute tradition.
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Août 03
À envisager le socratisme de Montaigne, on craignait a priori de se perdre dans une jungle montaignienne peuplée d’une infinité de Socrate opposés les uns aux autres. Cette peur n’était pas infondée : nous avons en effet trouvé trois Socrate. Ces trois Socrate sont des « idéal-types », des figures abstraites, épurées à dessein, qui ne se rencontrent jamais telles quelles dans le texte. Ainsi en est-il de ce Socrate idéaliste, qui préféra mourir de la ciguë, plutôt que de renoncer à sa « science de s’opposer ». Ou de ce Socrate machiavélique qui lui est opposé, capable de dompter la mauvaise fortune en transigeant sur les principes, par l’ironie. Mais sans doute est-ce le Socrate « homme ordinaire », sorte de figure intermédiaire entre ces deux dernières, qui, loin d’être « excellent », est le plus proche de ce que Montaigne concevait.
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Juil 21
Hegel [1] refusait d’accorder à Montaigne le statut de philosophe, comme si celui-ci n’appartenait pas à l’histoire de la pensée, à l’histoire de la philosophie. Pourtant, il est clair que Montaigne s’avère décisif sur bien des points pour comprendre notre modernité. De Socrate, Montaigne tirait des leçons pratiques adaptées à son temps ; pour le lecteur de Montaigne d’aujourd’hui, il est possible d’en faire de même à partir des Essais. Car, n’en déplaise à Hegel, Montaigne marque un tournant dans la pensée européenne quant aux rapports qu’elle entretient avec le légendaire, la connaissance et l’homme. Par conséquent, quels enseignements peut-on tirer du, ou plutôt des socratismes de Montaigne ? Lire la suite »
Juil 06
Comment rendre compte de cette multiplicité des visages de Socrate chez Montaigne ? Comment Montaigne peut-il revendiquer une filiation à ce Socrate qui ne semble jamais être le même d’une page à l’autre des essais ? Y a-t-il un procédé utilisé par Montaigne afin de passer outre ces contradictions ? Une méthode qui permette de réconcilier ces Socrate opposés les uns aux autres ? Lire la suite »