Comme Burke le constate, les théoriciens du contrat social ou du droit naturel partent d’une hypothèse presque métaphysique. Or, si nous devons rejeter toute métaphysique, devons-nous aussi rejeter ces théories ? Doit-on fonder l’Etat sur la tradition, juger une constitution par rapport à son épreuve du temps ? Car en effet, on peut juger que la constitution romaine était bonne, si l’on en juge par la durée de l’histoire romaine (ou tout du moins de la durée de la république). De même pour la constitution américaine : n’est-ce pas une preuve empirique de sa validité ? Mais plus largement, la question est : l’Etat peut-il faire l’économie d’une métaphysique pour se fonder ?
Articles pour la catégorie : 'Philosophie'
Après avoir lu ces recommandations, à savoir sur la neutralité de point de vue sur Wikipédia, je m’étonne que, cachée derrière une pseudo-neutralité, on ne voit pas un parti pris flagrant en faveur d’une thèse relativiste, d’après laquelle tout se vaut, que finalement, on ne peut pas savoir qui a raison, qui a tort, où est le vrai, où est le faux.
Il semble qu’aujourd’hui dans nos universités, ou du moins auprès de certains de nos professeurs, Kant ait prit la place qu’occupait jadis Aristote pour les scolastiques. St Thomas se référait toujours au « Philosophe », désignant par là Aristote, parfois même sans y faire explicitement référence ; on retrouve parfois ce mécanisme aujourd’hui. Se pose-t-on une question ? On cherche alors dans les critiques, dans les métaphysiques s’il n’y aurait pas quelque chose, quelque chose de défini ou même de définitif.
Comme l’écrit Kant, la raison est « architectonique », c’est-à-dire qu’elle est tentée de rechercher l’unité dans la connaissance. D’où la popularité du dogmatisme sur l’empirisme, puisqu’il s’agit d’une démarche naturelle. D’où le privilège de l’a priori sur l’expérience. Les faits sont délaissés au profit de principes a priori, d’Idées de la raison. Conspirations, complots, etc., permettent de donner une unité à ce qui n’en a pas, du sens à ce qui n’en a pas. C’est un travers de la raison, contre lequel il faut lutter. Les théoriciens du complot et de la conspiration ne sont rien d’autres que des dogmatiques.
« C’était une démarche totalement contre nature, et qui constituait un simple renouvellement de l’esprit scolastique, que de vouloir tirer d’une idée forgée de façon entièrement arbitraire l’existence de l’objet correspondant à cette idée » (Kant, « De l’impossibilité d’un preuve cosmologique de l’existence de Dieu », Critique de la raion pure). Ainsi se trouve confirmée l’opinion de Revel sur Descartes, à savoir, qu’il constitue le dernier penseur médiéval. Cela dit, on peut alors étendre cette remarque à tous ceux voyant dans l’argument ontologique une certitude apodictique, et cela de Leibniz à Hegel.
L’homme a peur. Il cherche donc à connaître pour ne plus avoir peur. La connaissance peut en effet être vue, comme l’écrit Nietzsche, comme une réponse à la peur. Il devient par conséquent comme « maître et possesseur (Descartes) » de ce qu’il connaît. Une tentation grandissante de maîtriser naît. L’épistémocratie. La technocratie n’est pas loin, sorte de totalitarisme voulant tout contrôler, car connaissant tout. En lisant les écrits des psychologues, on voit qu’ils veulent qu’une prévention se mette en place pour résoudre les maux qu’ils ont découvert. Bientôt, la connaissance nous connaîtra, nous maîtrisera, nous possédera. Là est son objectif avoué.
La vérité cartésienne, entre travail méthodique et intuition géniale
Doxographies, Philosophie 3 commentaires »D’un côté, Descartes nous dit que la vérité, la connaissance, n’est qu’affaire de méthode. Mais de l’autre, il nous dit que l’intuition (avec la déduction) est un des outils privilégiés pour accéder à cette même vérité. Mais qu’en revanche, cette intuition n’est finalement pas égale en tous les hommes, contrairement au bon sens. Contradiction ? Découvrir la vérité serait-il plus une question de talent, de génie qu’une question d’obéissance stricte à des règles de méthode ?
Bien qu’ayant longtemps été très acquis à Revel, je ne peux m’empêcher de m’interroger sur certains points. Ainsi, dans sa préface à son Anthologie de la poésie française, il nous dit que finalement, les particularités de la langue ne suffisent pas à empêcher l’éclosion de poètes de telle ou telle langue : dire cela, ce serait plutôt une excuse dont on se sert pour justifier un manque de talent.
Comme Flaubert l’écrit dans son Dictionnaire, la religion est un des piliers de la civilisation. Idée reçue peut-être. Mais les analyses récentes des religions, et le structuralisme en particulier ont montré que toute civilisation avait besoin d’une structure pour se représenter.
Je pense qu’il est stupide de parler aujourd’hui d’athéisme. Par athéisme, on entend bien évidemment l’idée qu’il n’y a pas de dieu auquel on puisse être soumis. Mais, aujourd’hui, il y a quelque chose de plus que cette notion qui y est sous-entendu : l’idée d’être totalement affranchi de toute croyance, de toute foi, de toute superstition.
Or, rien est plus faux que d’affirmer cela. Il suffit de regarder autour de soi pour voir que nous ne sommes pas athées, et que même le plus athée des athée ne l’est pas, car au moins croit-il qu’il n’y a pas de dieu. Mais en dehors de ce constat facile et usé, on peut voir que se dessine quelque chose autre qu’un athéisme, que je propose d’appeler polyathéisme.