Kaysersberg, Haut-Rhin, Alsace, France [1]. Ville connue pour être celle de certains de mes ancêtres. Ville vers laquelle je reviens telle une cigogne vers son nid chaque année, pour passer au moins les fêtes de fin d’année − et parfois celles de Pâques. Ville située dans la vallée de la Weiss, dernier rempart qui résiste encore et toujours à l’envahisseur welche lorain qui ne parle même pas alsacien, et qui donne à ses villes des noms presque compréhensibles pour le visiteur roman. Ville où est produit l’un des meilleurs riesling que je connaisse, dans les caves de Jean Dietrich − l’edelzwicker du même est aussi très bon [2]. Ville renommée pour son marché de Noël dont la magnificence est aussi incommensurable qu’un paradigme pour Thomas Kuhn, ainsi que pour son château médiéval surplombant la ville que l’on peut visiter gratuitement − pas comme la Tour Eiffel chez ces ingrats de Parisiens.
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De passage à Paris dernièrement, je visitais mes amis vivants. J’en profitais également pour saluer nos morts qui reposent au Père-Lachaise et à Montparnasse, qui parfois nous entourent bien mieux que certains vivants. À ce propos, je suis toujours à la recherche de Lyotard et de Proudhon, que je n’ai pas trouvés. Fuiraient-ils ?
Il y a cinq ans, lors de mon précédent voyage, ground zero était visible depuis la rue. Il y avait une stèle commémorative devant laquelle les gens aimaient se photographier en faisant de grands sourires, sans éprouver le moindre sentiment d’indécence.
Aujourd’hui, c’est en chantier et l’on ne voit rien. Les gens vont photographier et sourire dans un local ouvert spécialement à côté, un mémorial où toute la tragédie est racontée, où certaines reliques sont exposées, où une maquette du futur de ground zero est exhibée fièrement en attendant que des tours s’élèvent à nouveau dans le ciel – ce qui n’est pas pour demain compte tenu du manque de crédits -, où des produits dérivés sont vendus – avec toutefois une mention assurant que tous les bénéfices sont versés à une fondation.
Où l’on découvre une croix gammée dans les toilettes du Radio City Music Hall
Pausanias le Périégète Pas de commentaire »Où l’on découvre dans le musée d’histoire naturelle des signes d’un dessein intelligent, ainsi que les chaînons manquants de l’évolution
Pausanias le Périégète 5 commentaires »Le musée d’histoire naturelle regorge de trésors. À une Amérique dont une partie est censée être fondamentaliste, évangéliste, créationniste, rétive à la science et à l’évolutionnisme, le AMNH expose des faits quant aux origines du cosmos, de la vie, de l’homme. Avec quelques ratés parfois, comme cette analogie pédagogique où la vielle thèse de l’intelligent design – chainon manquant entre la superstition et la raison – se glisse sournoisement (cf. photo), proposant les deux prémisses d’un syllogisme que le visiteur conclura de lui-même : il y a un architecte de l’univers. Cela ne doit très certainement choquer que très peu ce monde dans lequel les billets de banque partagent des symboles hérités de la franc-maçonnerie, sur lesquels on lit « In God We Trust. »
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Où l’on constate l’indéterminisme américain (en particulier celui des transports en commun)
Pausanias le Périégète 2 commentaires »La rectitude des rues de NY, sa rationalisation terrestre n’a d’égal que son anarchisme sous-terrain où le métro est incapable de suivre une ligne droite. Les voies sont également superposées suivant l’axe des y comme les étages des buildings. Le modèle en couches, qui fonde la ville en 3D, semble être américain, au point que même leurs pizzas le suivent à en croire Sylvie Sanchez dans Pizza connexion (thèse de doctorat il me semble, selon laquelle il existe deux grands modèles de pizzas : l’italien qui distribue les ingrédients vers la périphérie, et l’américain qui les superpose – cependant, ce séjour m’a fait douté de cette taxinomie).
Où l’on découvre l’existence d’une école de philosophie pratique
Pausanias le Périégète 1 commentaire »Dans le métro, on voit des publicités pour une énigmatique School of Practical Philosophy qui promet en quelques leçons d’enseigner le bonheur et la liberté. Sans doute du stoicisme-épicurisme ré-assaisonné à la sauce New Age : on a pas fait mieux depuis. Il est écrit en préambule de la constitution que tout le monde en Amérique à droit « à la recherche du bonheur » (titre d’un film de Will Smith où figurent quelques bonnes scènes, comme celle où, quasi SDF, il se trouve à dormir avec son enfant dans les toilettes du métro). Je crois qu’on doit cette idée à Jefferson. Initialement, si je me souviens bien de mon Kaspi, cela signifiait avant tout qu’on avait le droit d’être riche, d’évoluer dans la hiérarchie, qui que l’on soit. C’était une revendication pour un égalitarisme de droit.
Où l’on découvre que l’organisation newyorkaise du service public des toilettes publiques est différente
Pausanias le Périégète 1 commentaire »À New York, il existe peu de toilettes publiques, qu’elles soient gratuites ou payantes. Lorsqu’une envie se fait sentir – et elle se fait tôt ou tard sentir compte tenu de l’incommensurable volume de boisson de tout genre ingéré -, les gens vont dans les boutiques et autres restaurants se soulager sans qu’ils ne soient obligés de consommer. Il est toléré que n’importe qui aille tirer la chasse, chose impensable dans d’autres pays comme, par exemple, la France.
Malgré toute ma diligence dans mes préparatifs afin d’être possiblement online, j’ai manqué à mon devoir de nourrir ce blog avec des chroniques régulières durant mon séjour de la dernière quinzaine – mais après tout, tout le monde s’en moque bien, et il ne s’agissait là par conséquent que d’un simple devoir envers moi-même, type de devoir qui n’existe que pour les kantiens dont je ne me sens pas faire partie à cet instant précis : ne pleurons donc pas.
Où l’on s’apprête à décoller pour New York, New York
Morblog, Pausanias le Périégète 7 commentaires »C’est devenu un devoir pour tout intellectuel français, au moins depuis Tocqueville : aller voir ce qui se passe outre-Atlantique. Même Pierre de Coubertin, Bernard-Henri Lévy et Christophe Rocquencourt s’y sont essayés. Votre trop dévoué serviteur Oscar Gnouros n’y échappe pas. Il part lui aussi quelques jours afin d’observer si l’herbe est aussi verte qu’ici, dans ce pays qui depuis quelques mois est gouverné par un Noir, où tous les pauvres furent mis à la porte de leurs maisons, où les financiers plongèrent la planète entière dans la misère et les stratèges dans le sang.