Comment Martin (Heidegger) a pécho Hannah (Arendt)
On se souvient que Martin (Heidegger) avait « un piège à fille, un piège tabou, un joujou extra, qui fait crac boum hu : les filles en tombent à ses [mes] g’noux » (© Jacques Dutronc Jacques Lanzmann). Cette arme, c’était une lettre d’amour type que Martin n’hésitait pas à envoyer à toutes ses conquêtes, ce qui énervait beaucoup sa femme Elfride.
Parmi les destinatrices de cette merveilleuse lettre d’amour, il y eut évidemment Hannah (Arendt). Cependant, j’ignorais encore le récit de leur rencontre. Hans (Jonas) eut l’honneur de recueillir une confidence de la part de Hannah à ce sujet. Et comme Hans n’a jamais su tenir ni sa langue, ni sa plume, il a tout raconté. Et comme j’aime bien les potins, je reproduis :
Hannah, étudiante en philosophie de fraîche date, était venue à Marbourg lors du semestre d’hiver 1924-1925 pour Heidegger, comme tous ceux de Königsberg, juifs d’origine qui avaient suivi son appel secret. Elle me confia ceci : à un moment, lors de ce premier semestre, elle était allée voir Heidegger à propos de ses études. L’heure de réception eut lieu au crépuscule et une certaine obscurité se répandait déjà dans la pièce car il n’avait pas allumé la lumière. À la fin de l’entretien, lorsque Hannah se leva pour prendre congé, Heidegger l’accompagnant jusqu’à sa porte, quelque chose d’inattendu se produisit, pour reprendre les termes de Hannah : « Tout à coup, il se mit à genoux devant moi. Je m’inclinai et de sa position il leva les bras vers moi et je pris sa tête entre mes mains ; il me donna un baiser que je lui rendis. » C’est ainsi que cela commença. Ce n’était pas le début ordinaire de la séduction d’une étudiante par son professeur, ni la soif d’aventure d’une étudiante cherchant à séduire un professeur ; au contraire, tout se déroula de façon hautement dramatique, à un niveau d’émotion qui conféra d’emblée à leur relation un caractère absolument exceptionnel. Heidegger avait jeté son regard sur elle. Elle n’était point la seule, car de temps à autre, je ne l’appris que plus tard, il s’intéressait aux étudiantes, et je n’ai pas entendu dire qu’une d’entre elles lui ait jamais résisté.
Hans Jonas, Souvenirs, p. 83, cité in Roger Dadoun, « Héraclitiques : du denken en-tant que-bunker stukas & panzer : ailes-heil du « penser » en-tant-que-tank » in Brohm, Dadoun, Ollier, Heidegger, le berger du néant : critique d’une pensée politique, Paris, Homnisphères, 2007, p. 44-45.
Martin appréciait ainsi défourailler au moins autant qu’un ex-directeur du FMI, ex-futur président de la Sainte République Française. Mais ses méthodes étaient autrement moins brutales : génuflexion presque kowtowesque dans un premier temps pour appâter la proie ; lettre d’amour métaphysique et jargonneuse ensuite pour ferrer le poisson. Mesdames, sachez à ces signes reconnaître un nazillon aux ambitions philosophiques affichées, mais qui ne veut simplement que vous prendre sous sa couche.
Époque bénie d’avant Sein und Zeit, lorsque Martin était moins connu ! Il avait alors 35 ans, elle 18. Il était son Pygmalion, elle sa lolita. Las ! Cette relation cessa quelques mois plus tard, Hannah partant pour Fribourg, laissant Martin à ses amours de Marbourg. Martin ne reviendra que quelques temps plus tard à Fribourg : en 1928 comme successeur à la chaire d’Husserl, et surtout à partir de 1933 comme recteur de l’Université, pour faire la chasse au juifs. Heureusement, en 33, Hannah était déjà réfugiée en France.
[amtap book:isbn=2915129282]
2 octobre 2011 à 12:34 naiboc[Citer] [Répondre]
prems !