Ménage à trois
Schopenhauer observait avec justesse que
La nature a fait hommes et femmes en nombre à peu près égal, et cependant n’a accordé aux femmes la faculté de reproduction et l’aptitude à donner du plaisir aux hommes que durant la moitié de leur vie et c’est ainsi qu’elle a dérangé dans son essence même la relation sexuelle humaine.
Schopenhauer, « Ménage à trois » in Parerga et Paralipomena
De même, c’est avec génie qu’il constatait et proposait :
Dans la monogamie, elle [la femme] n’utilise que la moitié de ses capacités et ne satisfait que la moitié de ses désirs. Si l’on ne considère cette relation [la monogamie] que d’un point de vue strictement physique (et le besoin physique est très pressant), et si l’on essaie d’établir la meilleure équation possible, alors il faut que deux hommes aient toujours une femme et qu’ils en prennent une seconde, tout aussi jeune, qui fera l’affaire jusqu’à leur vieillesse.
Pourquoi ? Parce que
Dans la monogamie, l’homme a trop à la fois et trop peu à long terme, alors que pour la femme c’est l’inverse. Dans notre arrangement [le ménage à trois], l’homme, dans sa jeunesse, où habituellement ses biens sont les plus modestes, n’a à entretenir qu’une demi-femme, des enfants peu nombreux et petits. Plus tard, quant il est riche, il peut entretenir une ou deux femmes et beaucoup d’enfants.
Parce qu’on ne prend pas cette disposition, les hommes sont des maquereaux la moitié de leur vie, l’autre moitié des chapons. Les femmes se départagent en femmes trompées et en femmes trompeuses.
Qui se marie tôt traîne toute sa vie une vieille femme ; qui se marie tard attrape d’abord des maladies vénériennes, puis des cornes.
La femme doit offrir la fleur de la jeunesse à un homme déjà mûr, et par la suite ressentir qu’elle n’est plus un objet valable pour un homme encore solide. C’est pourquoi notre arrangement supprime toutes les souffrances. Le genre humain jouirait mieux de la vie.
Schopenhauer savait de quoi il parlait : il était célibataire – si l’on fait toutefois abstraction de son chien : Schopenhauer était en effet ami des bêtes (car la même Volonté anime autant les hommes que les animaux) et voyait dans la SPA une manifestation de l’humanité la plus excellente.
Nietzsche, qu’on présente parfois comme le disciple et le traître de Schopenhauer, tenta cependant l’expérience, comme en témoigne cette photographie :
À droite, on remarque le grand Friedrich à moustaches avec le regard hagard ; au centre Paul Rée au regard béat ; à gauche Lou Andeas-Salomé au regard vicieux, et surtout, armée d’un redoutable fouet.
Les trois amants se satisfaisaient bien de cette entente jusqu’à ce qu’un jour, Therese Elisabeth Alexandra, la sœur de Friedrich, décide de protéger son frère de l’influence perverse de Lou. Ce fut l’une de ses deux seules idées connues, la seconde étant d’avoir falsifié les écrits de Nietzsche afin de permettre qu’il soit plus aisément catapulté, sur fond de walkyrie, philosophe officiel du IIIe Reich.
On connaît la suite : Friedrich, qui vraisemblablement avait déjà contracté la syphilis en Italie (d’aucuns murmurent au contact de petits locaux), se mit à embrasser un cheval en pleine rue. L’amour des bêtes : un juste retour à Schopenhauer.
[amtap book:isbn=2842058844]
2 mars 2009 à 23:14 Nandoo[Citer] [Répondre]
Une sorte de Vicky-Cristina-Barcelona ancien en somme…