Où l’on découvre dans le musée d’histoire naturelle des signes d’un dessein intelligent, ainsi que les chaînons manquants de l’évolution
Après Tocqueville, BHL et David Guetta, c’est au tour d’Oscar Gnouros de franchir l’Atlantique et de dire ensuite plein de choses intelligentes.
- Où l’on s’apprête à décoller pour New York, New York
- Où l’on se rend compte que l’on a failli
- Où l’on découvre que l’organisation newyorkaise du service public des toilettes publiques est différente
- Où l’on découvre l’existence d’une école de philosophie pratique
- Où l’on constate l’indéterminisme américain (en particulier celui des transports en commun)
- Où l’on découvre dans le musée d’histoire naturelle des signes d’un dessein intelligent, ainsi que les chaînons manquants de l’évolution
- Où l’on découvre une croix gammée dans les toilettes du Radio City Music Hall
- Où l’on rencontre un témoin du 11 septembre
Le musée d’histoire naturelle regorge de trésors. À une Amérique dont une partie est censée être fondamentaliste, évangéliste, créationniste, rétive à la science et à l’évolutionnisme, le AMNH expose des faits quant aux origines du cosmos, de la vie, de l’homme. Avec quelques ratés parfois, comme cette analogie pédagogique où la vielle thèse de l’intelligent design – chainon manquant entre la superstition et la raison – se glisse sournoisement (cf. photo), proposant les deux prémisses d’un syllogisme que le visiteur conclura de lui-même : il y a un architecte de l’univers. Cela ne doit très certainement choquer que très peu ce monde dans lequel les billets de banque partagent des symboles hérités de la franc-maçonnerie, sur lesquels on lit « In God We Trust. »
Tout comme personne ne s’interroge sur toutes ces pièces du musée exposant les cultures dites « primitives » ou « premières ». Les Indiens, les Africains, les musulmans sont situés entre des os de dinosaures, des minerais, des animaux empaillés et des baleines en plastique, non loin de Néandertaliens et d’Australopithèques reconstitués. Des Européens, des Occidentaux, ont en trouvera peu ici, hormis comme visiteurs ; l’homme blanc a un autre musée spécialement dédié, le Métropolitan – mais qui, il est vrai, accueille aussi les autres cultures ; celles-ci ont en fait un pied dans l’humanité et l’autre dans l’animalité, contrairement au blanc qui semble tout entier dans la culture/nurture.
Ce musée d’histoire naturelle rend hommage dès qu’il le peut à Théodore Roosevelt, à qui l’on doit, parait-il, l’appellation du Teddy Bear, mais aussi les Jeux Anthropologiques tenus en marge des Jeux Olympiques de Saint Louis de 1904 qui firent frémir le « colonial fanatique » Pierre de Coubertin lui-même, où l’on exhibait des indigènes et des cannibales dans leurs propres sports à eux. Toute une aile lui est dédiée, ainsi qu’une statue et un square, face à Central Park. – Mais il faut être exhaustif et rappeler, entre autres, qu’il sauva aussi en grande partie la démocratie américaine en fondant son parti progressiste et en réformant les modes de scrutins. Il est à l’image de cette Amérique : pluriel.
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28 novembre 2009 à 14:07 Luccio[Citer] [Répondre]
Ca me fait penser à un article de Gould sur les images (tableaux) de l’évolution, où l’homme est représenté comme la fin du processus, alors que l’un dans l’autre, c’est pas l’idée non plus. Or les mecs qui faisaient les images dans les musées, étaient pratiquants aux USA et marxistes à l’Est, donc bien d’accord avec l’hommme centre de la terre.
Malheureusement je n’ai pas réussi à trouver une référence autre que celle de l’article que j’ai lu,
« Leitern und Kegel: Einschränkungen der Evolutionstheorie
durch Kanonische Bilder ». In: Robert B. Silvers (dir), Verborgene Geschichte der Wissenschaft (München 1998) 47-77
L’article est ici seulement en allemand, et je n’arrive déjà pas moi-même à le trouver en ligne.