Qui se perd par hasard ou par vice sur l’un ou l’autre site pornographique découvre vite des invariants dans les descriptions du matériel excitatoire proposé. La plupart du temps, il s’agit d’une mise en exergue du plaisir féminin. Des variations sur la phrase type : « cette/ces fille(s) prend(nent) plaisir à faire ceci et/ou cela » − ce qui autorise un nombre de combinaisons impressionnant, et ouvre par là même un espace de liberté très propice à la créativité littéraire : dans pornographie, il y a graphie.
Qu’est-ce qu’un « énoncé performatif » ? Ce concept, a été introduit par John L. Austin1 dans How to do Things with Words (Quand dire c’est faire). Il s’agit, à partir de ce concept, de souligner que les énoncés ne sont pas tous déclaratifs, qu’ils ne se contentent pas tous de décrire des états de faits. Voici un énoncé déclaratif et un énoncé performatif grammaticalement très proches : « La fenêtre est ouverte » et « La séance est ouverte ». Lorsque vous déclarez que la fenêtre est ouverte, vous prétendez qu’une fenêtre qui existe dans le monde est ouverte, vous vous prononcez sur un état de fait. Lorsque vous déclarez que la séance est ouverte, vous créez un état de fait (vous « performez »), vous débutez la séance : avant que vous ne parliez, il n’y avait pas de séance dans ce monde. Ce concept a connu un succès immense en philosophie, si important que nombreux sont ceux à l’utiliser sans jamais avoir ouvert le bouquin d’Austin. Lire la suite »
Une idée assez répandue et assez positiviste au sujet du remède à la corruption de notre monde damné, est qu’il faudrait en premier lieu mettre l’accent sur l’éducation des enfants pour qu’il s’améliore. La société est en effet faite d’hommes, qui hier étaient des enfants. C’est parce que cette jeune pâte fut pétrie par de mauvais boulangers que le monde d’aujourd’hui court à cloche-pied. Les parents d’hier portent la responsabilité de la détresse de notre monde, eux qui ont mal éduqué ceux qui, adultes, sont devenus des tyrans. Il ne tient qu’aux parents d’aujourd’hui de prendre conscience que ce sont leurs enfants qui produiront la société de demain, et il suffit donc pour eux de les éduquer correctement afin que tout aille mieux.
Qui s’est intéressé au mouvement progressiste initié aux États-Unis par le grand Teddy « Bear » Roosevelt où fut introduit le principe des primaires, ne peut que se réjouir de l’initiative socialiste d’en faire de même en France plus d’un siècle après afin de désigner le candidat pour la prochaine élection présidentielle. Cependant, si l’intention paraît louable, se posent tout de même certaines questions quant à la réalisation pratique de cette idée.
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On se souvient que Martin (Heidegger) avait « un piège à fille, un piège tabou, un joujou extra, qui fait crac boum hu : les filles en tombent à ses [mes] g’noux » (© Jacques Dutronc Jacques Lanzmann). Cette arme, c’était une lettre d’amour type que Martin n’hésitait pas à envoyer à toutes ses conquêtes, ce qui énervait beaucoup sa femme Elfride.
Cet ouvrage consiste en un entretien d’Ernst Gombrich, le grand historien de l’art, avec Didier Eribon, le grand foucaldien. Ce sont les aspects esthétiques que je vais avant tout retenir de cet ouvrage, notamment ceux ayant trait au cadre théorique mis en place par Karl Popper, dont Ernst Gombrich s’inspire ouvertement.
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Il y a une esthétique chez Karl Popper. Elle est disséminée à de nombreux endroits, et il me semble que ses deux seuls grands développements se trouvent dans La quête inachevée et dans une conférence titrée « La création par l’autocritique dans les sciences et les arts » contenue dans À la recherche d’un monde meilleur. Peut-être aussi dans La télévision : un danger pour la démocratie. Surtout, on en trouve une application chez Ernst Gombrich, bien que ce dernier se soit surtout inspiré de sa philosophie générale plutôt que de l’esthétique « spéciale » que Popper a développé. Car c’est surtout au sujet de la musique que portent les idées de Popper − enfant, il voulait devenir musicien.
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Avant même d’aborder la question « pour ou contre les défilés militaires le 14 juillet ? » et de prendre parti pour l’un ou l’autre camp, avant même de suspecter les abolitionnistes de l’exhibition belliqueuse juillettiste d’inculture et des les exhorter à reprendre les routes conduisant vers leur septentrion supposé originaire, avant même de qualifier de xénophobe et pétainiste la réaction face à l’audace pacifiste s’autoproclamant seule détentrice du monopole du Civisme et des Valeurs Républicaines, il convient de remarquer une chose.
Demain s’élanceront de Vendée les coureurs du Tour de France. L’occasion pour nous de nous souvenir d’une autre course non moins fameuse s’étant disputée il y a maintenant près de deux mille ans, et qu’un Nazaréen alors encore inconnu à l’époque manqua de remporter, comme nous le rapporte Alfred Jarry. Par la suite, c’est curieusement à partir de cet échec que les admirateurs de ce coureur bâtirent sa renommée par leurs chroniques légendaires − comme quoi, tout n’est vraiment que dans la communication et les spin doctors.
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Si l’on suit l’analyse du billet précédent, le mérite moral seul autoriserait à être fier. Mais même en ne l’associant qu’au mérite moral, la fierté semble galvaudée : on pourrait être fier de la moindre action tant qu’elle nous a coûté. Sitôt qu’on agit on peut être fier. Mais la fierté ne doit-elle pas rester quelque chose d’un peu exceptionnel, ou d’un moins d’un peu précieux ? Le concept de mérite moral pourrait en fait jouer contre la fierté.
Kant, par exemple, affirme
« qu’il faut que le devoir, et non le sentiment du mérite [la prétention à pouvoir intimement croire à sa propre magnanimité et au caractère noble et méritoire de sa manière de penser], ait sur l’esprit l’influence non seulement la plus déterminée [précise], mais aussi, s’il est représenté sous le vrai jour de son inviolabilité, la plus pénétrante [efficace] », in Critique de la raison pratique, « Doctrine de la raison pratique pure », Ak V,157, p.288 chez GF.