Fichte, Sur le concept de la Doctrine de la Science ou de ce que l’on appelle philosophie

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Johann Gottlieb FichteFichte, qui se qualifie lui-même d’admirateur de Kant, a toutefois pour ambition de dépasser certaines antinomies du kantisme. La Critique de la raison pure laissa en effet à l’état d’aporie trois problèmes fondamentaux : la question du fondement, l’exigence de systématicité, et le statut de la chose en soi. La lecture de la Critique de la faculté de juger laissa penser à Fichte qu’il pourrait y avoir une voie permettant de réconcilier, notamment, raison théorique et raison pratique, mais il jugea que Kant n’avait fait qu’effleurer cette solution dans cet écrit. Tout le travail de la Doctrine de la Science consistera à montrer en quoi il peut y avoir unité, totalisation absolue du savoir. L’extrait ici étudié cherchera à répondre aux questions suivantes, posées par Fichte lui-même : « Dans quelle mesure la Doctrine de la Science peut-elle être certaine d’avoir épuisé le savoir humain en général ? Quelle est la limite qui sépare la Doctrine générale de la Science et la science particulière qui est fondée par elle ? Comment la Doctrine générale de la Science se rapporte-t-elle en particulier à la logique ? Comment la Doctrine de la Science se rapporte-t-elle, en tant que science, à son objet ? » Lire la suite »

Le télétravail, stade suprême du capitalisme

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Frédéric Lefebvre

Dans un congé maladie, vous pouvez parfaitement être handicapé et maintenu à votre domicile sans pour autant avoir perdu ni vos facultés intellectuelles, ni votre énergie. (…) Plutôt que d’être éloigné très longtemps de votre travail et si vous souhaitez continuer de travailler et ne pas prendre le risque qu’à votre retour, les choses aient été bouleversées dans l’entreprise, cela peut vous donner une sécurité.

Frédéric Lefebvre, à propos de la proposition d’amendement sur le télétravail

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Ma France à moi, c’est rue des Bergères

Société, Art 12 commentaires »

Diam'sDiam’s chante Ma France à moi, et comme elle pourrait le dire, j’ai la haine ; je me sens visé. Je ne comprenais pas comment cette chanson pouvait prétendre être la chanson de l’année aux Victoires de la Musique, n’ont-ils pas lu le texte ? (Texte ou pas, ils veulent vendre)

Pourtant, Diam’s chante Ma France à moi et je trouve ça impressionnant. Ce n’est pas l’impressionnant devant la nullité, je ne suis pas confondu, j’admire, je trouve ça juste, simple, efficace.

Suis-je schizophrène ? Diam’s l’est-elle ? le sommes nous ensemble ? Je ne pense pas. Le monde est-il compliqué et surprenant ? Je crois que c’est le cas. Je crois aussi que Diam’s l’oublie ; mais aussi que ce monde est surprenant à cause de Diam’s. Hegel observait Napoléon et écrivait la Phénoménologie de l’Esprit, je n’observe que Diam’s et j’écris un billet. En outre, je ne suis pas Hegel, et tant mieux, ça va vous permettre, ainsi qu’à moi-même, de comprendre ce que je vais dire.

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« Sauvons l’Europe » ?

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drapeau-europeenLe Scepticisme est-il un vilain défaut ?

Tout porterait à le croire, tout au moins dans l’engagement politique. Marcel Conche (Pyrrhon ou l’Apparence) nous apprend que si Pyrrhon d’Elis était prêtre, c’était sans doute par ironie. Etre sceptique, c’est peut-être empêcher la véritable action. Alors il n’y a pas lieu de s’étonner de voir le groupe Facebook du collectif « Sauvons l’Europe » écrire ceci :

« L’association Sauvons l’Europe s’est donnée pour ambition de lutter contre l’euroscepticisme rampant au sein de la société française, notamment parmi l’électorat de gauche, en prolongeant le débat démocratique né au cours de la campagne référendaire sur le sens du projet européen ». http://www.facebook.com/home.php?ref=home#/group.php?gid=23381327545&ref=mf

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Postmodernité, communautarisme et multiculturalisme

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Jean-François LyotardSi on suit Lyotard, la postmodernité peut-être définie comme le temps où les grands récits de légitimation tels que l’émancipation de l’homme, le progrès, ou le sujet transcendantal n’ont plus de crédit. Aucun discours ou métarécit ne peut plus être jugé plus recevable qu’un autre pour légitimer la société. Au contraire voit-on se multiplier des micro-récits entrant en concurrence les uns les autres sans qu’aucun ne puisse légitimement revendiquer une quelconque supériorité sur les autres.

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Le tiers exclu (IV): prolégomènes à une critique de la raison socio-politique

Société 2 commentaires »
Texte 4 sur 5 de Le tiers exclu

DiogeneLuccio se désespère que son dernier texte sur l’euthanasie ne suscite pas les réactions qu’un tel sujet, et surtout une telle réflexion, mériterait. Il propose en effet quelque chose de neuf, qui – je cite son commentaire – « interroge les conditions de possibilité d’un débat, avançant que celles qu’on suppose acquises risquent de varier », déduisant ce qui pourrait advenir d’une procédure d’euthanasie institutionnalisée en prenant la méthode du catastrophisme éclairé, et constatant que l’égoïsme envisagé comme principe moral conduirait contre toute attente à se prononcer contre. Mais cette nouveauté dans l’argument laisse le public froid, ce même public qui fut plus disert sur une réflexion condescendante sur l’antisionisme, ou sur une autre parodique.

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Contre mon euthanasie, pour un argument sans morale

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Mar AdentroLe monde contemporain est compliqué, certaines choses bien simples semblent attendre qu’on se penche dessus avec un peu de bon sens pour être résolues. Ce serait le cas de l’euthanasie. Certains médecins et autres membres du personnel médical euthanasient leurs « patients » (oui je mets des guillemets, parce que faudra voir si le patient doit patienter, dès lors qu’on le fait mourir, la demande d’endurance semble réduite) et risquent, en droit, la prison, d’autre part, des patients ne peuvent bénéficier d’une « mort douce », qu’ils ont pourtant choisi librement (j’aurais bien écrit sans contraintes, mais je pense que l’état de santé en demeure une, disons qu’ils se sont décidés sans subir l’influence de leur entourage). Il devient alors incompréhensible qu’on ne décide pas dans notre beau pays, si fort en création juridique, un nouveau cadre juridique, comparable à ce qui se fait en Suisse ou aux Pays-Bas, qui sont pourtant des pays de crétins. Et ce d’autant plus qu’il semblerait que les procédures légales actuelles seraient abracadabrantesques.
Voilà une revendication légitime et résolue.

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Tyson : la boxe, la prison, la sagesse

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Mike Tyson

Vos années de prison ont été un cauchemar (Tyson a été condamné en 1992 à six ans de prison pour viol. Il a été libéré en mars 1995.) mais, parallèlement, elles vous ont permis de devenir une autre personne. Souffrir avant de changer : c’est la règle d’or ?

Pas pour tout le monde. Un grand philosophe grec a dit : « L’épreuve rend les plus forts encore plus forts, mais les plus faibles encore plus faibles. » Je crois qu’il a raison.

Vous lisez toujours autant ?

Beaucoup moins. Je passe mon temps devant la télévision, ce qui n’est pas bien. J’ai surtout lu en prison. Lorsque je suis rentré chez moi, on m’a fait suivre vingt ou trente cartons de livres et je me suis dit : « Je n’arrive pas à croire que mon cerveau soit parvenu à ingurgiter tout ça. »

Ces livres vous ont-ils aidés ?

Ils m’ont aussi beaucoup troublé. Les points de vue sont tellement contradictoires. Prenez Voltaire. Il est pessimiste de nature, et, dans le même temps, il a toujours trouvé les ressources pour s’attaquer aux institutions. Avec sa façon de se tenir en retrait, Gandhi m’a beaucoup déconcerté aussi…

Quel est votre livre de chevet ?

Si je dis Le Prince, de Machiavel, on va encore me traiter de fou. Mais il ne faut pas confondre l’homme et son œuvre. Les philosophes français détestaient Machiavel. Ses théories étaient peut-être malsaines, mais lui-même était vraiment cool !

Mike Tyson, « J’ai détesté me voir pleurer » in L’Equipe magazine, samedi 2 mai 2009, n°1398, p. 14.

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Rions un peu avec Kant

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Groucho MarxKant, ou tout du moins son œuvre, a la réputation d’être austère. Son refus de tout style ampoulé pour son aride philosophie se fonde sur le motif que Lire la suite »

Les ongles de Deleuze

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Gilles DeleuzeDans les Pourparlers, qui sont à Deleuze ce que les Dits et Ecrits, en gros et en plus gros, sont à Foucault, on lit :

Deuxième exemple : mes ongles qui sont longs et non taillés. À la fin de ta lettre tu dis que ma veste d’ouvrier (ce n’est pas vrai, c’est une veste de paysan) vaut le corsage plissé de Marilyn Monroe, et mes ongles, les lunettes noires de Greta Garbo. Et tu m’inondes de conseils ironiques et malveillants. Comme tu y reviens plusieurs fois, à mes ongles, je vais t’expliquer. On peut toujours dire que ma mère me les coupait, et que c’est lié à Œdipe et à la castration (interprétation grotesque, mais psychanalytique). On peut remarquer aussi, en observant l’extrémité de mes doigts, que me manquent les empreintes digitales ordinairement protectrices, si bien que toucher du bout des doigts un objet et surtout un tissu m’est une douleur nerveuse qui exige la protection d’ongles longs (interprétation tératologique et sélectionniste). On peut dire encore, et c’est vrai, que mon rêve est d’être non pas invisible, mais imperceptible, et que je compense ce rêve par la possession d’ongles que je peux mettre dans ma poche, si bien que rien ne me paraît plus choquant que quelqu’un qui les regarde (interprétation psycho-sociologique). On peut dire enfin : « Il ne faut pas manger tes ongles parce qu’ils sont à toi ; si tu aimes les ongles, mange ceux des autres, si tu veux et si tu peux » (interprétation politique, Darien). Mais toi, tu choisis l’interprétation la plus moche : il veut se singulariser, faire sa Greta Garbo. En tout cas c’est curieux que, de tous mes amis, aucun n’a jamais remarqué mes ongles, les trouvant tout à fait naturels, plantés là au hasard comme par le vent qui apporte des graines et qui ne fait parler personne.

Gilles Deleuze, « Lettre à un critique sévère », Pourparlers 1972-1990, p. 13-14.

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