Hier soir, je suis allé voir le feu d’artifice. C’est une expérience intéressante. Il est amusant de voir toutes ces personnes se précipiter pour y assister, et s’extasier devant ces feux : « Oh!… Bravo!… Oh!… ». La plupart de ces personnes doivent être les premières à maudire l’art non figuratif. En présence d’un Mondrian ou d’un Pollock, elles seraient les premières à sourire, à se moquer, à détourner le regard, à être indignées; bref, à tout sauf à prendre du plaisir.« Comment donc? De l’art, ça? »Mais face à ces explosions ne représentant rien, les gens sont indulgents. Même : ils sont captivés, encore plus que s’ils étaient face à une représentation artistique figurative, comme par exemple, devant L’école d’Athènes.
Lu dans Le Point n°1817 du jeudi 12 juillet 2007.
« [Que Bush soit à l’origine des attentats du 11 septembre 2001] Je pense que c’est possible. Je le pense d’autant plus que je sais que les sites [web] qui parlent de ce problème sont des sites qui ont le plus haut taux de visites (…) Je me dis que cette expression de la masse et du peuple ne peut pas être sans aucune vérité »
Christine Boutin, ministe de la Ville, en novembre 2006 dans l’émission politique sur le Web de Karl Zéro.
Tu cherches les clefs du Paradis ? Je raisonnerai classiquement, un peu de manière kantienne. Pris en son sens religieux, « Lieu où les âmes des justes jouissent de la béatitude éternelle », le Paradis reste un objet métaphysique dépassant les limites de notre sensibilité. Personne n’a jamais vu le Paradis. Ou en tout cas, personne n’en est revenu pour nous le dire, en dehors des récits mythologiques. Il sort du régime de la connaissance : il est impossible d’établir s’il existe, ou s’il n’existe pas.
N’étant pas un objet de connaissance, il reste toutefois un objet de croyance. On peut croire en son existence, ou bien ne pas y croire. Tout comme on peut croire ou ne pas croire en l’existence de Dieu, ou en l’immortalité de l’âme. C’est ici que l’affaire se corse, car elle divise.
Karl Popper, La société ouverte et ses ennemis, L’ascendant de Platon
Politique, Philosophie, Doxographies 6 commentaires »La société ouverte et ses ennemis est défini selon les propres mots de son auteur, Karl Popper (1902-1994), comme étant son « effort de guerre. » Il fut écrit pendant la Seconde Guerre mondiale par ce Viennois d’origine alors exilé en Nouvelle Zélande. Dans cet ouvrage, il cherche à cerner l’origine du totalitarisme. Il la trouve chez Platon, ou même avant chez Hésiode ou Héraclite sous des formes plus atténuées. C’est à la pensée politique totalitaire de Platon qu’est voué le premier tome.
Karl Marx, Manifeste du Parti communiste
Politique, Philosophie, Economie, Doxographies 2 commentaires »Marx a-t-il justifié la violence ? C’est là une question embarrassante. Il semblerait que le jeune Marx prônant la révolution se soit assagi avec le temps et ait cru que l’on pouvait marcher vers le communisme par la réforme. Mais déjà dans le Manifeste du parti communiste, texte de 1848, donc plutôt de jeunesse, cette direction est perceptible sous certaines conditions.
Alexis de Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution
Politique, Philosophie, Histoire, Doxographies Aucun commentaire »Il y eut au XVIIIe siècle bien des révolutions libérales. Notamment l’américaine, dont Tocqueville (1805 – 1859) étudia d’une certaine manière les effets dans le désormais classique De la démocratie en Amérique qui est, plus largement, une lecture de la civilisation américaine.
L’Ancien Régime et la Révolution, texte plus tardif du même Tocqueville, tente quant à lui de cerner les causes qui enfantèrent une autre révolution : la française de 1789.
La thèse que présente Tocqueville est que la Révolution française ne constitue pas une rupture dans l’histoire de France. Il y a pour lui une continuité entre l’avant et l’après. La Révolution n’est pas sortie de rien. L’Ancien Régime était fondé sur un terreau de liberté qui contenait ainsi les premiers germes de son effondrement. Pour Tocqueville, la Révolution ne fit qu’abolir les derniers privilèges féodaux pour compléter les libertés déjà acquises progressivement jusqu’au XVIIIe siècle.
L’extrait présenté ci-dessous est tiré d’un des derniers chapitres du livre. Dans les pages précédentes, Tocqueville montra en quoi maintes libertés que l’on croit faussement être les fruits de la Révolution existaient déjà durant l’Ancien Régime. Après avoir minutieusement reconstitué ce paysage pré-révolutionnaire, il montre comment la Révolution en est sortie presque nécessairement.
On croyait, les Lumières, que la raison permettrait d’apaiser le monde. Mais le vingtième siècle à remis en cause ce verdict où les barbares n’étaient pas des bêtes incivilisées mais de froids calculateurs. On a même dit que les Lumières étaient la cause des désastres du funèbre du XXe siècle – Adorno et Horkheimer dans La dialectique de la raison. Cela conduit à glorifier l’irrationalisme. En somme, c’est un retour au romantisme.