Le sport, consciemment ou inconsciemment, exalte donc le déséquilibré, celui qui souffre de troubles psychologiques. Ce n’est plus la raison qui est motrice. La raison commande de faire du sport pour s’entretenir, pas de concourir. Si ce n’est plus la raison, qu’est-ce? Certainement l’irrationnel, la pulsion profonde, le sentiment intérieur. On renoue avec Rousseau. On s’écarte encore des Lumières dont le sport est pourtant censé porter les valeurs. Le sentiment de la nature : ce que l’on trouve dans le VTT et autres sports de plein air. Mais aussi dans toute l’école du fartlek, de l’entraînement au feeling. Être à l’écoute de son corps. Ne plus réfléchir. Obéir par automatisme. Cultiver le réflexe.
L’allemand est une langue totalisante. Une phrase est une totalité. Elle se construit comme une poupée russe. Tout est inclus l’un dans l’autre. Lorsque l’on lit l’allemand, on ne prend pas connaissance de la chose au fur et à mesure, au coup par coup, de manière discursive. On ne va pas des parties au tout. Les parties sont incompréhensibles en elles-mêmes. Les parties ne prennent du sens qu’une fois la phrase finie. Contrairement au français ou à l’anglais.
La France est, paraît-il, le pays qui consomme le plus d’antidépresseurs au monde, et où il y a le plus de suicides. C’est aussi le pays où, paraît-il, on est le plus irréligieux, le plus incroyant, en un mot, le plus athée. Y aurait-il comme une corrélation entre désenchantement du monde et dépression ? Un monde sans Dieu serait-il plus déprimant ? Croire serait-il vraiment comme un « opium » qui adoucirait les peines de ce monde ? Il semble que Cioran a exprimé une idée semblable. À qui ne croit plus en Dieu, il n’y a plus d’issue possible.
Surentraînement. Voici la notion clef. On veut nous faire croire que lors d’une compétition, le vainqueur est celui qui s’est plus entraîné que les autres. Mais non. Le corps, chaque corps à ses limites. Un homme ne peut s’entraîner plus qui ne le peut. Au delà d’une certaine dose, l’entraînement subi a un effet négatif. C’est donc une erreur que de dire que si le deuxième est deuxième, c’est parce qu’il ne s’est pas assez entraîné. Probablement s’est-il entraîné le plus qu’il le pouvait. Aujourd’hui, l’entraînement est tellement scientifique que l’on peut être pratiquement sûr que chaque sportif s’entraîne à 100% de ses possibilités. Le temps où un Zatopek ou un Finlandais était capable de prendre de vitesse les autres parce qu’il avait découvert une nouvelle formule d’entraînement (interval training, fractionné) est révolu. Aujourd’hui, chacun est, du point de vue de l’entraînement, à armes égales.
On veut nous faire croire qu’un champion parvient à son potentiel par le seul fruit de sa volonté. La volonté est ce qui est exalté par la morale du sport communément admise. C’est parce que le champion veut, parce qu’il travaille ardemment, parce qu’il est assidu, parce qu’il part s’entraîner tous les jours ou même plusieurs fois par jour, quelque soit le temps, quelque soit les éléments, qu’il est champion. En somme, c’est parce qu’il le veut.
Le politique peut-il faire l’économie d’une référence au théologique ?
Philosophie, Politique Aucun commentaire »Dans son Dictionnaire des idées reçues, Flaubert écrit à l’article « Religion » : « Encore une des bases de la Société. Est nécessaire pour le peuple. Pas trop n’en faut. ». De ces deux premières phrases, on en déduit que la religion aurait une utilité, serait un outil. La société en aurait besoin pour se construire dessus, tout comme le peuple. Cela dit, la troisième phrase nous dit qu’il faut tout de même nous en méfier et n’en introduire que le nécessaire. Il y aurait ainsi un juste milieu dans la dose de religion à prescrire au peuple et à introduire dans la société. Mais il ne faudrait pas oublier que pour Flaubert, il s’agit là d’idées reçues. C’est avec ironie qu’il nous présente cette conception. Certainement est-il plus proche de penser le contraire, ce qui, a contrario, serait l’idée non-reçue, l’idée vraie. Mais l’on peut s’interroger sur cette opinion. Le politique peut-il faire l’économie d’une référence au théologique?
René Descartes, Méditations métaphysiques, Méditation quatrième
Doxographies, Philosophie 4 commentaires »Le texte étudié ici est extrait de la quatrième méditation des Méditations métaphysiques écrites par Descartes (1596 – 1650) en 1640. Mécontent de l’incertitude qu’il a rencontré dans les sciences, comme il le raconte dans la première partie du Discours de la méthode, Descartes se mit à la recherche d’un moyen lui permettant de construire une connaissance cette fois-ci certaine et indubitable, « si ferme et si assurée, que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques ne soient pas capables de l’ébranler » (Ibid., Quatrième partie). La méthode cartésienne est bien connue. Elle consiste justement à user de ces suppositions sceptiques comme d’un outil pour tout révoquer en doute « afin de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie, que je ne la connusse évidemment être telle » (Ibid., Troisième partie). En somme, c’est à une tâche fondatrice que s’attelle Descartes. Faire tabula rasa de toutes ces connaissances si branlantes car bâties « sur du sable et de la boue » (Ibid., Première partie), puis tout reconstruire à partir du fameux point d’Archimède. C’est à cet ambitieux projet que sont vouées les Médiations. La quatrième de ces six méditations occupe un rôle essentiel dans ce projet de refonte du savoir, puisqu’elle traite justement « Du vrai et du faux », comme son sous-titre l’indique. Le texte des Méditations est comme un mouvement où chaque instant est essentiel, nécessaire. C’est pourquoi il nous faut tenter de reprendre ce que Descartes à découvert à ce stade de sa réflexion. Le premier jour (car Descartes nous dit que chaque méditation peut correspondre à un jour), Descartes usa de son doute dans des proportions « hyperboliques », au point de ne plus pouvoir rien affirmer du monde tel un Pyrrhon. Le deuxième jour, il montra que seul le célèbre cogito était capable de nous sortir de ce scepticisme (qui n’est bien entendu que purement méthodologique), et qu’il était, pour user de la non moins célèbre comparaison avec l’arbre cartésien du savoir (Lettre-préface), la première racine de l’arbre de la philosophie; de là, il se pencha sur l’étude de ce qui était immédiatement le plus facilement connaissable, c’est-à-dire l’âme. Le troisième jour, Descartes ajouta une autre racine à son arbre qui n’est autre que Dieu, un « Dieu tout parfait » qui jouera un rôle essentiel dans son système.
Mohamed Sifaoui est éclairant sur deux faits. À propos des caricatures : on reprochait à un des dessins d’assimiler terrorisme et islam, violence et islam (celui avec le Prophète avec une bombe comme turban). Déjà, Onfray avait dit que ce n’était pas une caricature puisque Mahomet avait bien été un chef de guerre. Sifaoui dit lui que si l’on attaque cette caricature car elle amalgame (comme ce mot « amalgame » s’est répandu depuis le 11 septembre qui permet de couper court à toute critique) islam et violence, il faut alors attaquer bien d’autres symboles qui amalgament tout autant, comme, par exemple, le drapeau de l’Arabie saoudite qui assimile l’épée et le verset du Coran (ainsi que les drapeaux du Hezbollah, des Frères musulmans, etc ; la liste est beaucoup plus longue, car, à la réflexion, on peut y ajouter même les noms de groupes : Groupes Islamiques Armés, Armée Islamique du Salut, etc). Or, cela n’est pas fait. On fera de nous-mêmes les déductions qui s’en suivent.