Le procureur se doit d’être un fin psychologue. Son but est de défendre la société, d’éviter la récidive de la part des malfaiteurs. Or, pour éviter cette récidive, le procureur étudie l’accusé. Il jugera de la peine en fonction du regret que celui-ci éprouvera face à son forfait. Le procureur pense que l’accusé ne recommencera pas s’il éprouve une certaine empathie vis-à-vis des victimes. Si l’accusé parvient à se mettre à la place de sa victime, d’éprouver le mal qu’il a commis, la peine sera plus faible. Finalement, la morale sur laquelle est fondée le système judiciaire est celle du sentiment, non de la raison : tout fonctionne à la pitié, dans le sens que Rousseau ou Schopenhauer donnent à se terme. Ce n’est pas parce que l’accusé comprend que son acte était incompatible avec l’impératif catégorique que celui-ci sera relaxé. C’est parce que celui-ci arrive à se mettre à la place de sa victime qu’il le sera. C’est un moyen plus sûr de s’appuyer sur le sentiment pour prévenir le crime que d’en appeler à la raison.
En écoutant certains partisans du laissez-faire, il semble qu’il soit possible que tout s’harmonise pour le mieux si on laisse faire par le libre jeu de la concurrence. Mais il est arrivé que la concurrence soit néfaste. Par exemple, imaginons qu’un crime ait eu lieu, et que plusieurs services soient chargés d’enquêter dessus. On pourrait dire que plus il y a d’organismes, mieux c’est, car il y aura comme une course à qui retrouvera le premier l’assassin. Mais, et si pour mettre des battons dans les roues de ses adversaires, une des sociétés décidait de conserver certains indices, certaines preuves, pour elle ? Il semble que cela soit déjà arrivé, notamment pendant la malheureuse affaire Dutroux. Ainsi, il est possible que la concurrence puisse nuire au bien commun, contrairement à ce que la pseudo-science laissezfairiste soutient. Que l’on puisse imaginer une situation qui rende nécessaire l’intervention d’un organisme (que ce soit l’Etat ou non est contingent) qui puisse sacrifier les intérêts particuliers pour le bien commun suffit à invalider le molinarisme même le plus extravaguant.
Les Idées transcendantales sont censées se trouver chez tous les hommes : il n’y a qu’une seule raison et celle-ci ne peut fonctionner que d’une seule manière. Chaque raison de chaque homme cherche à totaliser le réel, par conséquent, chaque homme doit être conduit à l’Idée de Dieu, d’univers fini, etc. Or, que dire de ces cultures qui n’ont pas de Dieu, pas d’âme, ni d’univers fini ? Ici encore, le Bouddhisme est une énigme.
Si la fameuse PlayStation eut un tel succès, c’est, il me semble, parce qu’il était possible de pirater les jeux avec celle-ci. Les autres consoles utilisaient des systèmes incopiables, ou très difficilement copiables. La PlayStation, moyennant une infime modification technique, permettait de pouvoir graver les CD de jeux, et de les utiliser. Ainsi, les joueurs, avertis de cette possibilité, se précipitaient vers la PlayStation pour bénéficier gratuitement des multiples jeux. Cette possibilité avait-elle été laissée ouverte sciemment par Sony ?
Gaston Bachelard, La formation de l’esprit scientifique
Sciences & techniques, Doxographies, Philosophie Aucun commentaire »La formation de l’esprit scientifique est un ouvrage dans lequel Gaston Bachelard montre comment la science n’a pu naître qu’au XIXe siècle. Avant, celle-ci restait embourbée, en butte contre maints obstacles épistémologiques qui l’empêchaient d’avancer et lui faisaient prendre pour de la science ce qui ne l’était pas. C’est ce musée des erreurs de la préscience que Bachelard expose dans son livre. Se trouve présenté ci-dessous un exemple d’obstacle épistémologique, ainsi que la problématique du doute scientifique. Lire la suite »
Rares sont les philosophes à se montrer d’accord sur le problème de la liberté; s’il leur arrive de s’accorder sur cette question, c’est plutôt pour montrer qu’il s’agit là d’une question d’importance, difficile. C’est que, comme le montre Kant dans la célèbre 3ème antinomie, la raison spéculative semble s’embourber sitôt qu’elle embrasse cette question. Mais pourquoi la raison veut-elle justement s’en occuper? Précisément parce qu’avec la question de la liberté, on a affaire à beaucoup plus que de la simple connaissance : on rentre dans le domaine de la vie pratique, de l’agir. En effet, si l’homme s’intéresse au problème de la liberté, c’est parce que la réponse à cette question influe directement sur son action, que l’homme y a un intérêt pratique. Ainsi, pour bon nombre de philosophes, il est impossible d’imaginer une morale sans l’existence de la liberté, au point que Kant, pour qui la raison spéculative se montrait incapable de répondre à cette question, allait jusqu’à dire que le simple fait que l’homme doive être morale suffit à prouver la liberté. On peut toutefois s’interroger sur ce qu’avance Kant ici : l’exigence de la moralité prouve-t-elle l’existence de la liberté? Lire la suite »
Que l’on cherche bien comment on fonde la morale. Par le théologique ? Dogme. Par la raison ? On retombe sur un dogme selon tous les raisonnements. Fondez-la sur la pitié : pourquoi devez-vous être pitoyable ? Parce que. Dogme. Sur la raison : pourquoi devriez-vous agir conformément à l’impératif catégorique ? Parce que. Dogme.
Dire que les vérités de la religion sont compatibles avec les vérités de la raison, que le moine et le philosophe ne disent qu’une seule et même chose, une seule et même vérité (qui ne peut qu’être une), c’est dire que l’on pourrait se passer de religion puisqu’on peut se passer d’elle pour découvrir la vérité et ne plus se fier qu’à la seule raison.
Si l’on oppose liberté et déterminisme, est-ce que l’échec du déterminisme entraîne la liberté ? Admettons-le, à titre d’hypothèse. En ce cas, il ne peut y avoir un déterminisme rigoureux que si on admet le réalisme épistémologique des théories, c’est-à-dire que les lois scientifiques nous parlent vraiment du monde. Mais pour Popper, ce n’est pas possible : une théorie scientifique doit nécessairement être falsifiable, qui pourra peut-être être falsifiée et qui devra l’être. Ainsi, une loi scientifique tombe toujours à coté ; il y a par conséquent une part de contingence, autrement dit, de hasard – de liberté?