Voilà plusieurs semaines que la France se pose l’importante question d’accepter ou pas les quenelles dans son régime alimentaire. À Morbleu !, en bons Lyonnais, on ne pouvait rester sans réagir face à ces discussions qui placent au centre du débat un élément fondateur de notre civilisation, certes régionale, mais qui prétend toutefois, comme toutes les cultures, à l’universalisme.
Grâce à la magie des articles programmés, Morbleu ! parvient à souhaiter dès maintenant à tous ses lecteurs une bonne et heureuse année 2014 !
Il n’aura échappé à nul lecteur attentif que le rythme de publication sur Morbleu ! avait sérieusement ralenti ces derniers temps. Les trépidations de la vie moderne n’épargnent rien ni personne, à commencer par le temps libre. Les loisirs postmodernes s’occupent quant à eux de liquider le peu qu’il en reste : sports, jeux vidéo, musique, cinéma, théâtre, gastronomie, alcool, pornographie − un paysage à rendre incontinent le Marquis de Sade lui-même.
Mais que l’on se rassure. Première bonne résolution de nouvel an, que l’on n’aimerait pas voir trahie : retrouver un rythme de publication plus raisonnable. Le monde a plus que jamais besoin des réflexions lentement distillées dans les alambics de Morbleu !. Nous pensions qu’il pourrait sortir de la crise par lui-même. Nous nous trompions. Aussi, comme l’a récemment déclaré notre ancien président :
« La question n’est pas de savoir si je veux ou ne veux pas revenir. Je ne peux pas ne pas revenir. Je n’ai pas le choix. C’est une fatalité. Une fatalité. »
Mais pour ce faire, un format peut-être un peu différent. Morbleu ! avait en effet subrepticement glissé vers un style quasi universitaire, avec des articles fleuves faisant presque passer la Revue de métaphysique et de morale pour un gentil petit périodique étudiant. Sans pour autant délaisser les longues analyses profondes et percutantes qui firent et font toujours sa réputation, Morbleu ! renouera avec des articles plus courts, plus proches du bloging. Car, comme le disait en substance papy Nietzche dans une citation que je ne parviens plus à retrouver :
« Je dis plus en six phrases que d’autres en dix livres. »
Il paraît que « tout homme à un prix, pour lequel il se vend [1] ». Sans doute Morbleu ! en a-t-il un aussi, tout spécialement Oscar Gnouros, dont on sait combien il est infâme. Mais ce n’est pas parce que l’on est prêt à se vendre que l’on rencontre toujours un acheteur.
Après avoir hier visité la capitale des Gaules, le Tour de France emprunte aujourd’hui la route conduisant au Mont Ventoux. Près de 220 kilomètres depuis Givors, avant que la route ne s’élève jusqu’aux cieux, à presque 2 000 mètres d’altitude, peu après le « Col des Tempêtes », là où le vent souffle, mais où l’air se fait paradoxalement moins dense.
Antoine Vayer, ancien entraîneur de l’équipe cycliste Festina, n’a de cesse de dénoncer le dopage dans le milieu du vélo, depuis la fameuse « affaire » de 1998 ayant conduit à la chute de Richard Virenque, puis, par effet de dominos, à celle récente de Lance Armstrong, et depuis peu, de Laurent Jalabert. Tous dopés ? La preuve par 21 [1] est un magazine « hors-série » qu’Antoine Vayer fait paraître ces jours-ci, à l’occasion du départ de la centième édition de la « Grande Boucle » − 21 faisant référence aux fameux virages de la célèbre montée de l’Alpe d’Huez, qui sera gravie deux fois cette année.
L’an passé, la sociologie française commémorait les 20 ans 10 ans [1] de la disparition de Pierre Bourdieu. Comme sur Morbleu !, on est parfois un peu à la bourre, ce n’est que cette année que nous prenons la peine de regarder derrière [2]. Mais de quelle façon ! Voici un petit catéchisme bourdieusien faisant le tour de quelques concepts, qui, espérons-le, sera suffisamment clair à qui veut s’initier à la pensée du sociologue béarnais. Avec, en bonus, une petite critique de Pierre Bourdieu par Bernard Lahire. Oui. Ça clashe. Lire la suite »
Conformément à mes engagements pris l’an dernier, je dépouille en exclusivité pour vous, chers lecteurs, les résultats de l’Eurovision selon différents modes de scrutin : scrutin majoritaire à 1 tour, à 2 tours, scrutin alternatif, méthode Borda (qui est celle utilisée en fait par l’Eurovision), méthode Condorcet, et cela, en pondérant ou non avec le nombre d’habitants de chaque pays votant. Je ne détaillerai pas ici les détails des calculs, mais simplement les résultats. Pour une présentation de ces différentes méthodes, vous pouvez vous reporter à cet article flamboyant : comment gagner les élections ?
Ce 8 mai, alors que je tentais d’écrire un petit Morbleu qui ne verra peut-être pas le jour au lieu de m’adonner à des activités sérieuses, je me suis dis que la note de bas de page que j’envisageais était un peu longue pour être claire, et abordait un sujet trop grave pour n’être qu’une note de bas de page. Il s’agit d’une réflexion qui m’est venue suite à la lecture d’un texte de Hegel. Lire la suite »
Les débats qui ont opposé Platon, Aristote et les autres, sur la nature des Idées et des Formes, se retrouvent au Moyen Âge. Cependant, les textes canoniques de l’Antiquité étant, pour la plupart, perdus, la question de la forme est débattue sur des bases nouvelles. De Platon, le Moyen Âge ne connaît guère que le Timée, et d’Aristote, quelques textes de la logique. On se fonde alors beaucoup sur les travaux et traductions de Boèce. Les auteurs du Moyen Âge connaissent les données du problème, mais pas la solution. En somme, ils sont conduits à réinventer la roue, indépendamment des réflexions de l’Antiquité. C’est ce qui rend la « querelle des Universaux » intéressante : elle n’est pas biaisée par les partis pris théoriques des Anciens. Elle est une réflexion quasi ex nihilo. Ce n’est qu’avec les Arabes (Avicenne, Avéroes, etc.) que la scolastique médiévale découvrit ce que l’Antiquité avait pu proposer comme solutions. Cette réflexion sur les Universaux est en revanche fondamentalement dépendante du contexte religieux de l’époque. Des préoccupations théologiques entrent en jeu. Le rapport des Idées aux choses est ainsi décisif pour, par exemple, la question de la Trinité ou de la transsubstantiation.
En ce dimanche printanier qui défie, au moins ici à Lyon, les cycles usuels du climat du fait de sa maussaderie, Morbleu ! a l’honneur de vous donner à penser sur, justement, l’histoire, grâce à cette conférence/performance de Benjamin Efrati des Beaux-Arts de Paris :