Lorsqu’on coupe une fourmi bouledogue en deux, « une lutte s’engage entre la tête et la queue ». Lorsqu’on affame deux araignées puis qu’on les met l’une en présence de l’autre, ces dernières engagent un combat. Quel monde merveilleux que celui des insectes.
L’insociable sociabilité des hommes…
Kant, comme tous les grands auteurs, voit des choses que tout le monde devrait voir, mais que tout le monde sait oublier. Kant, comme beaucoup de philosophes allemands, veut résoudre beaucoup de problèmes, et là où certains creuseraient une observation, il la note en passant, car il a autre chose en tête. Par exemple, s’il s’intéresse à la rivalité des hommes au sein de la société, c’est lorsqu’il s’occupe de l’histoire des hommes – plus précisément dans la quatrième proposition de son Idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique. Il y pense cet antagonisme comme le moteur du progrès dans les sociétés. En effet, à force d’être rivaux les hommes deviennent plus malins, puis préfèrent s’organiser des règles du jeux ; alors le Droit se développe, ça va mieux dans la Société, etc. Bref, les Lumières. L’attentif Emmanuel, même s’il a autre chose en tête, forge un concept précis et lui donne un nom qui claque : l’insociable sociabilité.
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MacGyver était mon héros. Sa coupe de cheveux dans le vent, son aplomb inébranlable et, bien sûr, sa capacité à s’extraire de hangars piégés à la dynamite grâce à un bout de ressort et un peu de sel m’avaient conduite à envisager pour lui et moi des épousailles prochaines (ça, c’était juste avant que je voies un clip de Roc Voisine et que je ne reconsidère mes projets maritaux en faveur d’un brun). Mais ce qui faisait la grandeur de MacGyver, c’était qu’il rencontrait les pires méchants, se sortait des pires situations, voyaient les pires salauds zigouiller des innocents ou polluer des contrées protégées, sans jamais se départir de sa bonne humeur et de blagounettes bien envoyées. D’aucuns me rétorqueront que je ne suis qu’une fille, et que si j’avais des corones j’aurais regardé Starsky et Hutch ou L’Agence tous risques. Mais là encore, ça marche ; car tous nos héros des années 80 et 90 avaient de l’humour, des dents blanches et un sens de la répartie qui laissaient les horreurs de ce monde leur glisser sur la moustache comme l’eau sur un canard.
Lettre à mes jeunes anciens élèves
Jeunes gens,
vous voilà avec le bac en poche, prêts à entamer la vie étudiante [1].
Gardez-vous de deux excès dans lesquels la société entière attend que vous tombiez : l’excès de fête et l’excès de sérieux. En fait elle attend que vous tombiez dans les deux en même temps, afin que vous n’appreniez à faire avec sérieux que ce qu’on vous demande, et que vous ne fassiez la fête que dans les limites qu’on vous indique. (Prosaïquement, vous risquez de servir à gonfler les taux de réussite de vos filières et les bénéfices des vendeurs d’alcool.)
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Les Hippies vivent au milieu d’une civilisation matérielle dont ils cherchent à se détacher, alors que les protagonistes des histoires post-apocalyptiques aimeraient y retourner, ou savoir en utiliser les vestiges. Il y a un rapport entre les Hippies et les situations [1] apocalyptiques. Creusons.
À en croire les réactions, il semblerait que peu de personnes soient autant traumatisées que moi par le théorème d’impossibilité d’Arrow. Néanmoins, la chose me passionne, et je continue mes investigations.
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Jean-Jacques Rousseau est à la mode. L’année 2012 est celle du tricentenaire de sa naissance. L’agrégation de philosophie lui a même rendu hommage cette année en le faisant figurer à son programme. [1] L’agrégation de lettres modernes en fait de même pour 2013 en inscrivant les Confessions dans son programme. [2]
Pour ceux qui n’auraient pas saisi toutes les subtilités de la démonstration présentée il y a peu quant aux difficultés posées par les différents modes de scrutin afin de cerner la volonté du peuple, pour ceux qui douteraient encore du théorème d’impossibilité d’Arrow, grâce à la magie d’Internet [1], je viens justement de remettre la main sur l’émission Archimède d’ARTE qui était consacrée à cette question : Lire la suite »
Ce que je connais de Remirro d’Orca est bien simple, c’est ce qu’en dit Nicolas Machiavel quand il traite des « Des principats nouveaux que l’on acquiert par les armes d’autrui et la fortune », au chapitre 7 de son De Principatibus (Des Principats) qu’on traduit Le Prince, parce que voilà ! Il rappelle en incise comment César Borgia a traité son Lieutenant de la Romagne ; « parce que cette part est digne d’être remarquée et imitée par d’autres ».
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Comment gagner les élections ? Que la volonté particulière est introuvable
Politique 2 commentaires »N’en déplaise aux méchants rousseauistes, le dernier épisode a montré que la prétendue « volonté générale », quand bien même on la considérerait exister, est introuvable. Si tant est qu’elle existe, elle existe de la même façon qu’une chose en soi pour Kant : une entité à laquelle on ne peut avoir accès directement, dont on ne sait l’existence que par la façon dont elle se phénoménalise à nous ; au mieux peut-on la penser, mais pas la connaître. De même, cette volonté générale que l’on pense fondatrice de tout le politique est obligée de se phénoménaliser suivant une certaine procédure. Lorsque les citoyens décident, ils doivent en passer par certaines procédures de décision, afin de faire émerger la volonté générale, et il y a presque autant de volontés générales qu’il y a de procédures de décision, si bien que le plus sûr moyen de gagner une élection consiste encore à choisir le mode de scrutin le plus favorable.