Avr 16
« Démocratie » : étymologiquement, « le pouvoir dans le peuple » ; selon le mot de Lincoln, « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Un vain mot ? C’est pourtant sur son paradigme que nos sociétés tâchent de se bâtir. Le Contrat social de Rousseau prétendait libérer l’homme en soumettant sa volonté particulière à la volonté générale s’exprimant dans les suffrages. « Quand on propose une loi dans l’assemblée du Peuple […] ; chacun en donnant son suffrage dit son avis là-dessus, et du calcul des voix se tire la déclaration de la volonté générale. Quand donc l’avis contraire au mien l’emporte, cela ne prouve pas autre chose sinon que je m’étais trompé, et que ce que j’estimais être la volonté générale ne l’était pas. [1] »
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Avr 01
Aujourd’hui, dimanche 1er avril 2012, nous sommes à 21 jours du premier tour des élections présidentielles. Grande échéance : le moment pour le peuple français de se réunir et d’exprimer à l’unisson par sa volonté générale le choix du candidat qu’il veut voir succéder à Nicolas Sarkozy. Grande responsabilité pour chacun d’entre nous : voter est un droit, mais aussi un devoir, a fortiori en ces temps troublés où nous nous devons d’opter pour des représentants fiables, aptes, compétents. Ne fuyons pas devant cette tâche : occupons-nous de politique, si nous ne voulons pas que la politique s’occupe de nous. Morbleu !, après avoir beaucoup hésité, après s’être longtemps contenté d’un confortable apolitisme, après s’être trop complu du « mol oreiller » du scepticisme politique, décide de s’engager, de se lancer dans la bataille de la campagne. Morbleu ! tient aujourd’hui à annoncer son ralliement et son soutient au seul homme capable de relever le défi, de relever la France, de changer le monde et l’univers : Jacques Cheminade.
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Mar 03
La prestation de Marine Le Pen jeudi dernier lors de l’émission Des paroles et des actes animée par David Pujadas fut remarquable par le non débat qui eut lieu (ou du débat qui n’eut pas lieu) avec Jean-Luc Mélenchon, où celle-ci tâchait de rester stoïque et aussi muette qu’un quaker face au contradicteur qu’on lui avait opposé. Cependant, mon attention était captivée par tout autre chose ; par quelque chose que mon penchant fétichiste n’avait encore jamais remarqué jusqu’à présent, lorsque par mégarde, mon regard se posait sur Marine Le Pen. Quelque chose qui, je pense, est bien plus qu’un « simple détail » de l’histoire de ces présidentielles : Marine Le Pen n’avait pas de boucles d’oreilles.
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Fév 08
À l’heure où le sujet de philosophie pour classes terminales « toutes les cultures se valent-elles ? » est débattu jusqu’au plus haut sommet de l’État par les plus grands penseurs actuels, un petit détour par la page 111 du grand texte [1] Le normal et le pathologique de Georges Canguilhem montre que même chez ceux qui paraissent les plus irréprochables, au sein de la très respectée épistémologie « à la française », il y a un peu de linge sale − de linge noir.
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Jan 31
Depuis quelques temps, je suis devenu expert en détection de plagiat. Dans les copies des étudiants, celui-ci est relativement facile à détecter. De nombreux signes le font sentir, à commencer par l’orthographe : lorsque, sur plus d’une phrase, la syntaxe est valide, les participes passés correctement accordés, les conditionnels et les futurs distingués, cela est l’indice d’un potentiel recopiage, ou plus simplement d’un copié/collé d’une page trouvée sur Internet [1].
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Jan 11
Ce matin, j’ai été très dérangé par une parenthèse dans un texte de Pierre Bourdieu, au point que j’en textotais même ce bon Luccio :
« (le don, par exemple, qui, on le sait depuis le mythe d’Er de Platon, n’est pas facile à concilier avec une théorie de la liberté) »
Pierre Bourdieu, « Fieldwork in Philosophy », Choses dites, p. 25.
On ne devrait pas normalement être dérangé par une parenthèse : étymologiquement, il s’agit de quelque chose d’intercalé, d’accessoire. Mais Bourdieu est habitué à ce stratagème, qu’il partage avec Kant, en plus de son goût pour les phrases interminables à incises multiples : dissimuler des choses essentielles là où l’usage veut qu’on les identifie comme superflues.
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Jan 06
Les fêtes ne sont pas finies sur Morbleu ! : voici, en guise de cadeau et d’étrennes, un résumé des Essais esthétiques de ce bon David Hume, tels qu’on les trouve regroupés par Renée Bouveresse dans l’édition GF. Résumé qui, malheureusement, ne résume pas tant que ça : mais je jette ceci ici comme une bouteille à la mer ; peut-être cela sera-t-il utile à quelqu’un.
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Déc 29
Kaysersberg, Haut-Rhin, Alsace, France [1]. Ville connue pour être celle de certains de mes ancêtres. Ville vers laquelle je reviens telle une cigogne vers son nid chaque année, pour passer au moins les fêtes de fin d’année − et parfois celles de Pâques. Ville située dans la vallée de la Weiss, dernier rempart qui résiste encore et toujours à l’envahisseur welche lorain qui ne parle même pas alsacien, et qui donne à ses villes des noms presque compréhensibles pour le visiteur roman. Ville où est produit l’un des meilleurs riesling que je connaisse, dans les caves de Jean Dietrich − l’edelzwicker du même est aussi très bon [2]. Ville renommée pour son marché de Noël dont la magnificence est aussi incommensurable qu’un paradigme pour Thomas Kuhn, ainsi que pour son château médiéval surplombant la ville que l’on peut visiter gratuitement − pas comme la Tour Eiffel chez ces ingrats de Parisiens.
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Déc 16
Un jour de décembre où je jouais au travailleur pendulaire, je suis monté dans un train. J’avais choisi une voiture en suivant une jolie fille, mais dans cette voiture, pleine de monde réparti un siège sur deux, je n’ai pas vraiment réussi à choisir un siège. Je sais, j’aurais dû prendre celui à côté de la jolie fille. Je pourrais m’en sortir et faire court en disant qu’il était déjà pris. Mais ce ne serait pas la vérité. Les gens étaient exactement répartis un siège sur deux sur toute une voiture ; même la jolie fille. Telle était la situation. Et tant qu’à ennuyer tout le monde avec ma vie, autant que ça sonne vrai.
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Déc 16
Il y a longtemps que nous n’avions pas parlé de Bernard-Henri Lévy, le plus grand philosophe contemporain. Mondialement connu, de Saint-Germain-des-Près aux plages libyennes, BHL n’hésite jamais à se mettre en danger pour défendre les causes qui lui sont chères. En 2009 lors du procès d’Oullins, on se souvient ainsi que BHL avait courageusement théorisé sur le principe de la présomption d’innocence, au risque de passer pour un sophiste : ce principe ne valait pas grand chose à ses yeux à la vue des circonstances d’alors. En 2011 lors de l’affaire DSK, autre son de cloche : ce même principe de la présomption d’innocence prend une tout autre valeur, au point que BHL prend à nouveau courageusement tous les risques pour le défendre, au risque de passer pour un sophiste. Lire la suite »